Normand Brathwaite est un gars de gang. Guy A. Lepage aussi. Brathwaite est partisan de la diversité culturelle, Lepage aussi. Sauf que l'animateur de Tout le monde en parle n'a pas du tout l'intention de fouler la scène du parc Maisonneuve pour aller faire du sous-Normand Brathwaite. «Un spectacle avec 27 choristes et 52 bongos, c'est son style à lui, dit-il. Il fallait faire autre chose. On va faire quelque chose de plus rock'n'roll.»

Sa bande à lui, c'est les Porn Flakes, groupe formé de Dan Georgesco (guitare), Mike Plant (guitare), Francis Fillion (batterie) et Martin Bolduc (basse). Il n'a choisi aucun des invités du spectacle de la Fête nationale, sauf ces quatre gars avec qui il se produit régulièrement depuis deux ans. «On connaît nos punch, on n'arrive pas là en ti-clins», assure-t-il.

Guy A. Lepage n'a peut-être pas participé à la sélection des artistes, mais Sylvie Rémillard, la directrice artistique du spectacle, ne semble pas avoir choisi les invités au hasard. «La moitié des gens sur le show - Marie-Mai, Ariane, les gars de Zébulon -, c'est du monde qui joue avec les Porn Flakes. On est déjà une gang à l'intérieur du gang, constate l'animateur. J'aime cette collégialité-là.»

Florence K, chanteuse polyglotte qui est pratiquement seule dans son créneau au Québec, se montre aussi enchantée de faire partie de cette bande. Et ne craint pas de devoir rocker. «J'ai déjà fait Enter Sandman avec les Porn Flakes dans un show à Shawinigan. C'était très rock et très cool!» lance-t-elle en souriant. «C'était un show de la mort!» se rappelle Guy A. Lepage, aussi sur scène ce soir-là.

Ni l'un ni l'autre ne va chanter du Metallica, mercredi, au parc Maisonneuve. Pas parce qu'ils croient que l'anglais doit être proscrit des spectacles de la Fête nationale - tous deux estiment au contraire que cette célébration doit être inclusive -, mais parce qu'ils ont d'autres idées derrière la tête. Puisque Florence K a enregistré des chansons dans plusieurs langues, on s'attend à ce que ce soit elle qui s'exécute dans une autre langue que le français.

«Je ne souhaite à personne de m'entendre chanter en vietnamien... Et à date, c'est elle la meilleure en espagnol», s'amuse Guy A. Lepage. Florence K va effectivement chanter Las Calles del Sur, salsa festive à laquelle les Porn Flakes ajouteront sans doute du piquant. «Ce sont de super bons musiciens, et je pense qu'ils vont rendre l'âme de la salsa tout à fait correctement. Et si c'est plus rock que d'habitude, souligne-t-elle, il n'y a aucun mal à ça.»

Humour mordant?

L'animateur et la chanteuse ont le coeur à la fête. Guy A. Lepage, qui a grandi dans Hochelaga-Maisonneuve, se plaît à dire que ce spectacle retransmis en direct à la télé et à la radio est pour lui une « fête de quartier ». Florence K parle pour sa part d'une occasion de célébrer «la vie».

Ce qui ne veut pas dire que tout ne sera que léger et souriant. L'animateur a tenu à écrire les premières versions de ses textes, à mettre sur papier tous les grands thèmes qu'il veut aborder. «Des fois ça ressemble à l'animation du gala de l'ADISQ, des fois ça ressemble à des statements politiques», annonce-t-il.

Sa manière, qu'il soit à la barre de Tout le monde en parle ou d'un gala, c'est l'humour mordant. Le spectacle de la Fête nationale est-il le lieu pour faire preuve de ce genre d'humour? «C'est ce qu'on va savoir», dit-il, laissant entendre que c'est tout un défi, mais que ça l'amuse beaucoup. «Avec l'humour, la réponse est directe. Si ça éclate de rire, tu te dis, O.K., ça a passé. Si ça ne passe pas, il faut que tu penses à ton plan b.» Quand ça lui arrive à Tout le monde en parle, c'est généralement le moment qu'il choisit pour lancer son désormais célèbre: «On jase, là.»

Son habileté à réagir du tac au tac et à se sortir d'un mauvais pas, il appelle ça «ses compétences transversales». Guy A. Lepage ne se sent pas imposteur quand il anime. «Zéro nervosité, ça n'existe pas, mais je suis moins nerveux que la plupart des gens dans ces circonstances-là. C'est peut-être de l'inconscience, je ne sais pas. Quand tu es debout devant du monde et que tu as un micro, ce n'est pas un contre 100 000, mais un contre un. C'est comme ça que j'essaie de rationaliser pour ne pas capoter.»