À quand un nouvel album de Michel Pagliaro? Depuis 20 ans, chaque fois que l'artiste parle à un journaliste, il doit se faire poser la question. Et il a l'air d'en avoir marre: «Ça fait 50 fois qu'on en parle», répondra-t-il après avoir expliqué que l'album attendu est fini, mais que sa production est «un peu compliquée».

Ces complications ne l'empêchent surtout pas de jouer de la musique en studio avec ses amis musiciens et de monter sur scène de 10 à 30 fois par an, un peu partout au Québec. Ce soir, il sera à Tadoussac dans le cadre du Festival de la chanson.

«Je ne joue pas les nouvelles chansons. Mais c'est un très bon show avec les chansons que j'ai écrites il y a tellement longtemps. Ça me fait très plaisir d'être là et j'espère qu'il fera beau.»

Le rockeur, à qui on doit les tubes Les bombes, Héros ou L'espion, s'impatiente quand il est question de ses nouvelles chansons. Comme s'il avait l'impression que la journaliste ne connaît pas du tout celles d'avant.

«M'as-tu déjà vu en show? Non? Ben, c'est difficile d'écrire sur des sujets qu'on ne connaît pas», lance-t-il.

Rebelle

Écrire que Pagliaro est un rebelle relève de l'euphémisme. L'attitude s'entend à des kilomètres de distance, le regard qu'il porte sur les médias et l'industrie de la musique est plein de révolte.

«Quand est-ce qu'on voit un show de télé où il y a des artistes? Je parle pas du monde qui fait semblant d'être artiste. Y en a pas de show de télé avec des vrais artistes. Ici, on aime mieux parler de culture que de faire de la culture.»

L'industrie, selon lui, produit trop de disques «parce que ça ne coûte rien, c'est le gouvernement qui paie et le groupe, lui, ne reçoit jamais rien». Ce faisant, le rockeur accuse l'industrie de banaliser la musique.

«La musique, c'est une affaire très difficile. Ceux qui persistent, c'est parce qu'ils sont prêts à aller très loin pour faire quelque chose de beau. À Montréal, il y a des tonnes de bons bands, mais jamais tu ne vas les voir. Il y a une fissure entre ce qui se passe et la mousse qu'on fait sur ce qui ne se passe pas. Les jeunes qu'on voit, ils n'ont pas le bagage, ni la connaissance. Ils ont juste gagné un concours.»

Pas de compromis

L'important, dans tout cela, c'est de faire ce qu'on aime, croit Pagliaro. Et pour cela, il refuse les compromis. Son nouvel album, les médias l'avaient annoncé dans les années 90 alors qu'il n'avait même pas de contrat de disque. Après, quand il en a eu un, la compagnie était prête à sortir un disque qui ne lui plaisait pas encore. «Pour faire de l'argent», affirme Pag. Il a alors sorti une compilation de ses succès pour se libérer de son contrat, puis il a continué son chemin tout seul et on attend toujours la suite. Que ça marche ou pas lui importe peu: faire ce qui l'intéresse est la seule chose qui compte.

Libre-penseur

«L'artiste est toujours un peu en dehors du système. Peu importe le système. C'est un gars qui veut vivre de son imagination, c'est un libre-penseur.»

Michel Pagliaro est en spectacle au Festival de la chanson de Tadoussac, ce soir à 22h15.