Wilfred LeBouthillier lance un troisième album solo, Droit devant. «C'est un album hop la vie. Je me sens comme cela aujourd'hui», résume le nouveau papa.

En mai 2006, les yeux de Wilfred LeBouthillier se sont humidifiés sur le plateau de Tout le monde en parle. L'Acadien semblait s'ennuyer de Tracadie-Sheila et de la mer. Sa célébrité post-star-académicienne ne réussissait pas trop à le faire sourire.

 

On lui rappelle l'interview. Il rit, l'air un brin embarrassé. «Si j'étais triste? Pas pantoute. Ça m'a surpris qu'on me parle du métier de pêcheur, c'est tout. Dans ma famille, le permis de pêche a été transféré de mon arrière-grand-père à mon grand-père à mon père. Je venais de refuser cet héritage. L'émotion de tout cela m'a rattrapé en interview. Mais je ne regrette absolument pas mon choix. Au contraire, je vis mon rêve», raconte-t-il dans un sofa du studio Piccolo.

C'est ici à Montréal qu'il a enregistré son troisième disque, Droit devant. Un disque plus «hop la vie» que le précédent. Côté musique, il n'y a pas immensément de choses à dire. Rien n'a vraiment changé. Wilfred aime écouter le folk de Xavier Rudd et le country de Keith Urban. Mais pour sa propre musique, il opte encore une fois pour des chansons pop-rock. «Sans aucune prétention», s'empresse-t-il de préciser.

Le principal changement, ce sont les mots. Cela ne se perçoit pas toujours dans son chant, mais les sujets sont plus joyeux. Pour cela, il crédite Marc Dupré. Les deux se sont rencontrés en jouant au golf. Après la ronde, Wilfred l'a invité sur son bateau. «On a fait un feu sur le bord de l'eau, on a sorti les guitares et on a trippé. Marc n'est pas gênant, il est très drôle. Son énergie positive m'a inspiré.»

Quelques rencontres plus tard, ils écrivaient une pièce ensemble. Wilfred hésitait à collaborer avec lui, par crainte de «mélanger travail et amitié». Mais il a finalement accepté. Dupré coréalise Droit devant (avec Serge Lapointe), en plus de signer quelques textes et musiques.

Sortir de soi

Wilfred LeBouthillier chante surtout ses textes ainsi que ceux de Dupré et de Nelson Minville. Roger Tabra, Fred St-Gelais, Marie-Mai, Danny Boudreau et Étienne Drapeau lui prêtent également quelques mots. Ces collaborations lui ont permis de se «déprendre» de lui-même.

«Sur mon disque précédent, j'écrivais 11 des 12 textes. Je parlais d'environnement, d'exode rural et de plein d'autres choses. Peut-être que je disais trop ce que je pense. Cette fois, j'ai voulu essayer quelque chose de différent. Le résultat me représente bien. Je suis un gars heureux, un nouveau papa, tu sais.»

Le premier extrait Jimmy joue raconte l'histoire d'un chanteur de bar. «Ça me rappelle l'époque où je jouais moi aussi dans les bars au sein du duo Fred et Wilfred, avoue-t-il d'un rire gêné. J'ai continué assez longtemps. Je participais à des concours avec mes compositions tout en continuant à parcourir les bars. J'ai fini par avoir l'impression que je perdais mon temps. Dans les bars, on ne veut pas entendre tes nouvelles compositions. On veut que tu reprennes des succès. Moi, je voulais plus que ça.»

Après l'hystérie de Star Académie et son premier disque (plus de 200 000 exemplaires vendus), Wilfred LeBouthillier a obtenu un succès plus modeste avec son deuxième disque. Environ 50 000 disques vendus. Et des concerts plus intimes, comme sa rentrée montréalaise en 2007 devant moins de 400 personnes.

Cela le déçoit? «Non, assure-t-il. Des concerts comme celui du Centre Bell (avec Star Académie), j'ai toujours su que c'était plus l'exception que la règle. Jouer devant 200 personnes comme lors de mes tournées du ROSEQ, j'adore cela. Tant qu'il y a échange avec les gens.»