Rockollection a 30 ans. Histoire de marquer le coup, Laurent Voulzy propose une nouvelle version revue et allongée de ce «truc un peu magique», dit-il, cette «poudre de perlimpinpin» qui fut la bougie d'allumage de sa carrière.

«Je ne me sens pas très connu, ici», dit d'emblée Laurent Voulzy. Il n'est pas le chanteur français le plus prisé de sa génération de ce côté-ci de l'Atlantique, c'est vrai, mais son mégasuccès Rockollection (Et la petite fille chantait) n'est pas passé inaperçu. S'il n'est pas mieux connu des Québécois, c'est sans doute qu'il n'a donné qu'un seul spectacle chez nous en plus de 30 ans de carrière.

 

Ce parcours s'étendant sur plus de trois décennies, c'est pourtant ce qui l'a ramené ici cette semaine. Il est venu présenter Recollection, album souvenir atypique où Voulzy revisite son passé à travers neuf chansons toutes neuves et une version augmentée de Rockollection durant plus de 15 minutes!

Rien de tout ça n'était programmé. Voulzy voulait d'abord marquer le coup: faire une petite fête après un concert et souffler un gâteau coiffé de 30 chandelles. Puis, l'idée lui est venue de demander à son ami Alain Souchon d'ajouter un couplet. «Au lieu de faire un couplet supplémentaire, on a écrit Jelly Bean, raconte le principal intéressé. On s'est donc retrouvés à raconter mon enfance, l'avant Rockollection.» Il s'est pris au jeu et, de fil en aiguille, a écrit huit autres titres.

L'une des particularités de Recollection, c'est que les morceaux s'y enchaînent sans pause. Il s'agit en quelque sorte d'une pièce fleuve - un format tout sauf «radio amical» - qu'on peut lire comme une déclaration d'amour aux tubes radio. «C'est la radio qui m'a donné envie de faire de la musique», confirme le musicien, beatlemaniaque invétéré.

Rockollection, version 1977 ou 2008, fait bien sûr la part belle aux tubes des années 60. «Je ne me suis jamais cantonné dans les années 60, précise toutefois Voulzy. On m'a donné vite une étiquette nostalgique, très sixties, même si maintenant les gens en reviennent un peu. Normal: j'ai été très marqué par les sixties puisque j'y ai découvert l'amour et la guitare. C'est quand même fondamental! Et puis cette musique que j'ai entendue à la radio à cette époque-là m'a terriblement secoué.»

Cuisiner un morceau comme Rockollection demande du doigté. Il lui faut trouver un équilibre entre les immortelles qu'il cite (des trucs allant de Ticket to Ride des Beatles, à California Dreamin' de The Mamas&The Papas en passant par Turn Turn Turn des Byrds. Ne pas mettre les extraits sur un piédestal ni magnifier son propre couplet. «Ça nous a pris un temps fou, reconnaît le musicien. Il faut trouver le lien juste, qui sert les deux chansons. Il faut que ce soit naturel. C'était un vrai jeu... de patience!»

Pour faire mentir cette réputation de nostalgique qu'on a tenté de lui faire, Voulzy a ajouté à Recollection un pot-pourri de tubes des années 80 et 90. S'y entremêlent notamment avec bonheur des extraits de Rebel Rebel de Bowie, Shiny Happy People de R.E.M., Every Breath You Take des Police et même Relax de Frankie Goes to Hollywood. «Les années 80 ont été formidables. Ce son me plaît. Il y a une poésie urbaine dans le son des années 80», lance-t-il avec enthousiasme, évoquant Tears For Fears, Talk Talk et les mélodies «formidables» d'Howard Jones.

«J'aime simplement la musique, résume-t-il. J'aime en faire, en inventer, en composer en écouter et j'aime reproduire celle des autres.» Son plaisir, curieusement, est fort contagieux.