Est-ce là l'image d'une artiste en crise d'angoisse? Sur la pochette du premier album de Josianne Paradis, l'auteure, compositrice et interprète de 30 ans se tient debout dans sa robe d'été, le regard plongé dans ses pensées, se rongeant les ongles comme si elle attendait l'inévitable jugement qu'on portera en écoutant les 12 chansons qu'elle propose enfin. Verdict: elle peut souffler, ce disque est tout à fait charmant.

Le lancement de l'album simplement intitulé Josianne Paradis s'est déroulé au Lion d'or, la veille de notre entretien: «Je suis soulagée, ravie. C'était encore plus rempli que je ne l'avais espéré. Je viens de me lever! On a bien célébré.»Il y avait les invités, les amis et la famille Paradis, décidément bien pourvue en artistes. Josianne, évidemment, troisième d'une famille de quatre enfants. Puis Benoît, auteur-compositeur-interprète également, et tromboniste. Renaud, aussi musicien que comédien. Et Violaine que le public ne connaît pas encore. «Elle fait du chant et du théâtre, elle aussi. De la musique, on en mange tous les jours, mais je ne saurais dire pourquoi. Je veux dire: mes parents ne sont pas du tout dans le domaine. Mais ils adorent la musique, et nous ont toujours soutenus dans nos choix.»

Pour Josianne, le premier pas fut d'aller étudier la musique. Les percussions au programme musical de l'école Pierre-Laporte - «C'est pour ça qu'il y a du vibraphone sur l'album», dit-elle. Plus tard, le chant jazz, à l'Université Concordia, puis l'École de la chanson de Granby. «Les bancs d'école, j'en ai eu ma dose».

Pourtant, il reste de ce parcours - en plus du vibraphone! - une approche de la chanson dans l'esprit du jazz vocal, bien qu'il ait sur ce disque revêtu des habits de chanson-folk qui caresse les tympans. Il reste aussi cette voix déjà bien maîtrisée, fragile dans les aiguës, ambrée dans les notes plus basses qui lui vont si bien.

Le ton est étonnamment juste et confidentiel dans ces petites chansons gracieusement dépouillées que sont Solitude ou Labyrinthe. «Ma voix a changé ces dernières années. C'est l'expérience, je crois. À mon avis, elle s'est embellie. C'est plus facile de chanter aujourd'hui, j'ai moins peur de fausser. C'est juste le fun de chanter.»

Le style Lelièvre

Après quelques écoutes de son album, on croit reconnaître le style du regretté Sylvain Lelièvre dans ces mélodies franches et belles, dans la plume aussi, simple et directe, portée vers les sentiments et le quotidien touchant. On se dit alors que ce n'est pas un hasard si ce premier album paraît sur l'étiquette Productions de l'Onde, maison fondée par Bori, lui aussi héritier de la chanson façon Lelièvre. Bori était au Festival de Petite-Vallée en 2006 en même temps que Josianne - elle y a d'ailleurs remporté la finale Artiste collaborateur.

«C'était il y a quatre ans, je lui ai remis une cassette de mes chansons, se rappelle-t-elle. Et c'est lui qui m'a remis un prix à Petite-Vallée: j'ai gagné de participer à quelques représentations de son concert Un Monde pout-pout

La collaboration s'est étirée jusqu'à loger à l'enseigne des Productions de l'Onde pour y lancer son premier album, pour lequel elle assure la coréalisation. «J'ai fait du mix, j'étais même là au matriçage, j'ai surveillé la confection de la pochette. Je voulais que ce disque me ressemble à fond. Comment dire Je n'étais pas capable de le confier à qui que ce soit d'autre. J'ai fait toutes les étapes de création - aidée par des pros, quand même!»