Marie Denise Pelletier dit avoir été bercée très jeune par la musique de Claude Léveillée, un «mélodiste extraordinaire» dont elle salue l'héritage dans un album hommage aux côtés des Vigneault, Ferland, Gagnon et Charlebois.

L'album collectif, qui sortira mardi prochain, s'ouvre sur Les Vieux Pianos, interprétée par la figure légendaire de la chanson française Édith Piaf, pour laquelle Claude Léveillée avait été invité à composer des chansons tôt dans sa carrière.

La mort de l'auteur-compositeur et interprète à l'âge de 78 ans ébranlait le milieu culturel québécois en juin 2011, et les coups de chapeau se sont multipliés depuis ce temps.

Dans ce nouvel hommage rendu à l'un des plus grands noms de la chanson québécoise, l'album, sous l'étiquette Tandem, rassemble des compagnons de route de Claude Léveillée tels Gilles Vigneault, Jean-Pierre Ferland, Robert Charlebois et André Gagnon, mais aussi de plus jeunes artistes comme Pierre Lapointe et Isabelle Boulay.

Marie Denise Pelletier y chante Mon pays, disant avoir été charmée par son évocation de la nature et de l'«immensité» du Québec. La pièce, qu'elle avait déjà interprétée en outre lors de fêtes de la Saint-Jean, parle selon elle avant tout de l'amour «de ce pays de neige», de ce territoire vaste défriché par le travail acharné de ses fils.

«En tant que femme qui adore la nature, et qui vit en campagne, ses descriptions de l'immensité de notre cher Québec viennent vraiment me chercher», exprime d'abord Marie Denise Pelletier.

Sur le plan politique, elle ajoute ne pas y voir «nécessairement une chanson nationaliste», mais surtout l'évocation d'une «époque où les Québécois étaient des gens qui travaillaient durs».

«Je me suis toujours affichée très nationaliste. Que ce soit pour Mon pays de Léveillée, ou alors Le plus beau voyage de Claude Gauthier, ou Mon pays de Vigneault, quand je les interprète, c'est toujours avec autant de ferveur.»

La chanteuse souligne avoir eu l'honneur de profiter du dernier enregistrement sur disque de Claude Léveillée, pour l'album Les mots de Marnay en 2003.

«Quand j'étais jeune, comme plusieurs de ma génération - je suis née en 1960 -, j'ai grandi avec Claude Léveillée. Mes grands frères et mes grandes soeurs achetaient ses albums. J'ai eu du Léveillée dans les oreilles dans le berceau», relate-t-elle.

«J'ai été charmée par ses grandes mélodies et le romantisme dans sa musique», ajoute Marie Denise Pelletier, qui aura eu l'occasion plusieurs années plus tard de le côtoyer chez MusiArt.

Dans les années 1950, les chanteurs trouvaient peu d'endroits où se produire. Avec d'autres - Hervé Brousseau, Jean-Pierre Ferland, Clémence DesRochers et André Gagnon -, Claude Léveillée fondait en 1959 le groupe Les Bozos (dont le nom rappelle une chanson de Félix Leclerc) et faisait connaissance avec la scène de la boîte Chez Bozo.

Après sa période Piaf à Paris, il écrira plusieurs chansons avec Gilles Vigneault, dont Le Rendez-vous - deuxième pièce de l'album hommage.

C'est en 1963 qu'il crée un de ses classiques, Frédéric, interprétée sur le nouveau disque deux fois plutôt qu'une, par Robert Charlebois et par la famille Latreille.

Pierre Lapointe apporte la nostalgie de Emmène-moi au bout du monde, Isabelle Boulay reprend «Quand mon piano» et Mario Pelchat y va de la pièce Le grand ménage.

Marie Denise Pelletier dit se réjouir de voir les «plus anciennes et les jeunes générations» sur cet album, exprimant le souhait que le répertoire de Claude Léveillée continue de passer l'épreuve du temps.

«Il ne faut pas perdre la fierté de ce que nous sommes, la fierté de chanter en français (...) Claude Léveillée a mis la table, mis la barre haute. Il ne faut pas oublier qu'ici même, on a eu des gens qui nous ont ouvert la voie de façon magnifique», fait-elle valoir.