Ce premier album en français de Céline Dion en cinq ans et demi n'est pas le disque qu'on attendait. Les grandes chansons, et il y en a de très fortes, y côtoient malheureusement des choses prévisibles, sinon banales, qui souffrent évidemment de la comparaison.

C'est le piège d'un disque choral dont les auteurs et compositeurs ne sont pas tous également doués, mais que la chanteuse fait souvent mieux paraître.

René Angélil nous disait encore récemment qu'il n'avait pas trouvé en anglais l'équivalent d'un Jean-Jacques Goldman. Peut-être serait-il temps d'en trouver un qui puisse écrire en français un disque à la hauteur du talent de Céline Dion, lui donner une direction plus actuelle et la pousser à se dépasser?

Voici donc nos impressions de Sans attendre, chanson par chanson, après une dizaine d'écoutes.

> PARLER À MON PÈRE (Texte et musique de Jacques Veneruso)

Une chanson pop écrite sur mesure pour Céline. Un premier extrait qui n'avait rien d'une locomotive pour le nouvel album.

> LE MIRACLE (Texte de Marie Bastide, musique de Gioacchino Maurici)

De la pop accrocheuse que l'on fredonne dès la première écoute, mais dont les charmes s'usent rapidement.

> QUI PEUT VIVRE SANS AMOUR (Texte d'Elodie Hesme, musique de David Gategno)

Une power ballade rock orchestrale. Il fait bon entendre Céline mordre dans une chanson rock, même si le solo de guitare est un peu daté.

> L'AMOUR PEUT PRENDRE FROID (Texte de Christophe Miossec, musique de Todd Wright et Mary Ann Redmond)

Le mélange des voix de Céline et de Johnny Hallyday est intense et donne du relief à cette chanson américaine prévisible, adaptée en français par Christophe Miossec. L'une des belles surprises de l'album.

> ATTENDRE (Texte d'Elodie Hesme, musique de David Gategno)

Une déferlante - que dis-je? - un tsunami de rimes paresseuses sur une musique convenue. Sans attendre aurait été meilleur sans Attendre (excusez-la...)

> UNE CHANCE QU'ON S'A (Texte de Jean-Pierre Ferland, musique d'Alain Leblanc et Scott Price)

Le bijou de Ferland, que Céline chante avec lui d'une voix forte et nuancée. Une chanson vraiment au-dessus de la mêlée.

> LA MER ET L'ENFANT (Texte de Grand Corps Malade, musique de David Gategno)

Je m'attendais à plus de cette chanson dont Céline dit qu'elle a donné sa couleur à l'album. Un texte bien foutu, mais qu'on voit venir de Grand Corps Malade sur une musique toute douce à la française. On s'étonne que personne n'ait remarqué que la chanteuse accorde les mots «cicatrices» et «blessures» avec le participe passé «écrits».

> MOI QUAND JE PLEURE (Texte de Maxime Le Forestier, musique de Stanislas)

Le vétéran Maxime Le Forestier s'est inspiré d'une image de la jeune Céline qui l'a marqué: une fontaine en pleurs. Sur une musique qu'on croirait composée pour une comédie musicale française, la chanteuse joue la carte de la fragilité avant de s'éclater un peu à la fin. Réussie.

> CELLE QUI M'A TOUT APPRIS (Texte de Nina Bouraoui, musique de Jacques Veneruso)

La romancière Nina Bouraoui, qui avait signé deux des meilleures chansons de D'elles, remet ça avec ce titre fait lui aussi sur mesure pour la chanteuse, mais mieux écrit et plus accrocheur que Parler à mon père, dont le même Veneruso a pourtant composé la musique. Une des meilleures chansons de l'album.

> JE N'AI PAS BESOIN D'AMOUR (Texte de Jean-Pierre Ferland, musique de Daniel Mercure)

Un grand texte de Ferland et une interprétation sentie de Céline qui chante un peu comme Jean-Pierre. Une chanson d'amour avec un grand A.

> SI JE N'AI RIEN DE TOI (Texte d'Elodie Hesme, musique de David Gategno)

Une chanson sur le thème de l'amour et la gloire. La mélodie accrocheuse, la facture un peu plus actuelle et l'énergie de la chanteuse font oublier quelques tics franco-français dans le texte (Hollywood Boulevard...)

> QUE TOI AU MONDE (Texte de Luc Plamondon, musique de Davide Esposito)

Une fort belle chanson d'amour sur le thème du soldat qui part à la guerre. Un peu mélo, mais avec des orchestrations intelligentes et surtout très bien servie par une interprète tout en fragilité et en émotion que l'on sent très proche. Une autre chanson qui se démarque.

> LES PETITS PIEDS DE LÉA (Texte de Marianne L'Heureux, musique de Sophie Vaillancourt)

Une chanson simple qui tient un peu le même rôle que la berceuse de Janette Bertrand sur D'elles, à la différence qu'elle touche une corde encore plus sensible: la mort prématurée d'un enfant.

> TANT DE TEMPS (Texte de Sylvain Lebel, musique de Christian Loigerot)

Très belle. Une chanson posthume du grand Henri Salvador, fort différente de la version bossa parue sur son album du même nom plus tôt cette année. Les arrangements de Jacques Veneruso servent magnifiquement ce très beau duo entre Céline et l'homme à la voix de velours. Un grand cru.

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POP. Sans attendre. Céline Dion. Sony Musique. En magasin lundi.