Mort le 1er mai dernier, l'humoriste Jean-Guy Moreau avait enregistré 10 chansons ces dernières années, mises en musique par son ami compositeur Daniel Mercure. Hier, ses amis et sa famille se sont réunis à Montréal pour lancer Un jour je serai un océan, un disque posthume qui révèle un Jean-Guy Moreau attendrissant et à la plume poétique.

«Mon père n'avait pas enregistré auparavant à cause du sentiment de l'imposteur, a dit à La Presse Véronique Moreau, une de ses deux filles. Pourtant, il savait tout faire: peindre, sculpter, dessiner, faire rigoler et émouvoir. J'espère que les gens vont pouvoir découvrir avec ce disque un Jean-Guy Moreau plus proche de ce qu'il était vraiment.»

Dans ce disque, on découvre un Jean-Guy Moreau très en voix, avec des intonations de Sylvain Lelièvre, notamment dans sa chanson sur ses bien-aimées Îles-de-la-Madeleine et dans Un jour je serai un océan, dans laquelle il est accompagné à la guitare sèche.

«Mon père adorait Sylvain Lelièvre et il prendrait ce que vous dites pour un compliment», dit Véronique Moreau.

Avec À coeur ouvert, Jean-Guy Moreau rend hommage à son inspiratrice, Clémence DesRochers. Dans Chanson pour Antoine, il disait à son fils combien il l'aimait et était fier de lui. Antoine Moreau chante d'ailleurs une de ses chansons dans ce disque.

«Je suis content d'avoir participé à ce disque avec Pour moi tout seul, dit Antoine Moreau. Mon père m'a donné la fibre de l'artiste.»

Jean-Guy Moreau interprète également Jacques, un texte sur son frère mort après trois mois d'existence, et sur «la dérive d'un continent» ressentie par ses parents qui perdaient un enfant.

Evda est la chanson la plus enjouée de l'album, avec un rythme antillais entraînant. Il l'a écrite après avoir rencontré brièvement une belle Haïtienne dans un dépanneur, explique Daniel Mercure. «Cette journée-là, il aurait voulu être haïtien!», dit-il.

Marie-Michèle Desrosiers chante ensuite À coeur ouvert et Martin Deschamps interprète Le fun est parti. Mais c'est la voix de Jean-Guy Moreau qui clôt l'album avec la berceuse qu'il chantait à ses filles Véronique et Sophie quand elles étaient petites.

«Le bon côté d'avoir eu un père connu, c'est que je vais pouvoir le revoir et réentendre sa voix, dit Véronique Moreau. Tout le monde n'a pas cette chance. C'est un cadeau. Avec mon père, je suis nourrie pour la vie.»