The Who

The Who Sell Out (Deluxe Edition)

Polydor/Universal

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Universal ajoute un autre classique de The Who à sa déjà riche collection Deluxe Edition, une collection qui remballe de grands albums sur deux CD, avec livret détaillé et moult inédits. Il s'agit de la deuxième édition remastérisée du troisième album de The Who, «le plus amusant» de sa discographie, à commencer par la pochette, illustrée notamment par cette photo classique de Roger Daltrey prenant un bain dans des fèves au jus de tomates Heinz - un classique du petit-déjeuner anglais!

Cet album-concept assurément débile voit The Who jouer les annonceurs - sur les «ondes» de la radio commerciale populaire à l'époque Radio London - pour différents produits commerciaux (comme Heinz Baked Beans). Paru en décembre 1967, The Who Sell Out finissait en beauté et en folie une année faste dans l'histoire du rock, celle de Sgt. Pepper, pour ne nommer que cet album historique...

L'explosion créative de l'époque s'entend dans le concept hilare et l'atmosphère générale des chansons, ici étalées en versions stéréo (premier CD) et mono (second CD, la vraie pièce de résistance des collectionneurs). Plus qu'une curiosité dans la discographie de The Who, l'album a aussi généré quelques pièces maîtresses, à commencer par I Can See For Miles et l'étrange Rael, annonciatrice des excès de Tommy...

Pour les fans du groupe, ce sont les chansons rares et les 11 pièces inédites qui valent l'achat. Vingt-sept raretés en tout, réparties sur les deux disques, allant d'une chanson instrumental inédite (Sodding About) à une version démo de Relax, en passant par des mix inédits de I Can See For Miles, Tattoo ou Glittering Girl. Ajoutez à ça un livret de 28 pages bien détaillées. Voilà un bel objet pour tout fan du légendaire groupe britannique.

BEASTIE BOYS

Check Your Head (Remastered Edition)

Capitol/EMI

*** 1/2

En attendant la sortie d'un nouvel album (cet automne?), les Beastie Boys procèdent à la remastérisation de leur catalogue Capitol/Grand Royal/EMI. Après l'impeccable réédition de Paul's Boutique, voilà maintenant son successeur, Check Your Head (1992), le troisième album du trio new-yorkais et tout premier sur son label, Grand Royal.

Sur Check Your Head, le trio délaisse (un peu) le collage d'échantillons sonores pour retrouver ses instruments «naturels» et s'abandonner dans un goûteux bouillon de funk. C'est le mélange de ces jams, des nombreux échantillonnages et de l'humour franc des B-Boys qui distingue cet album de tous les autres.

Moins bien vu que Paul's Boutique et l'immense Ill Communication qui suivra (on attend sa réédition de pied ferme!), Check Your Head a néanmoins produit sa flopée de succès: Jimmy James, Pass The Mic, So What'cha Want, encore régulièrement jouées en concert. Les grooves funk instrumentaux constituent aussi une part appréciable de cet album cool qui, 17 ans plus tard, demeure une trame sonore idéale pour les partys de salon.

L'album lui-même vaut le détour, si bien que le deuxième disque, constitué de versions rares et alternatives, semble nécessaire aux fans purs et durs des Beastie Boys. Lesquels sont avisés de prendre le risque en mettant la main sur la version vinyle (deux disques, aussi) de cette réédition: selon la rumeur, certaines copies du vinyle comprennent un single 7 po limité avec deux nouvelles chansons (inédites, mais vraiment récentes) intitulées Lee Majors Come Again et B Boys in the Cut.

SINEAD O'CONNOR

I Do Not Want What I Haven't Got (Limited Edition)

Chrysalis/EMI

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Souvenirs, souvenirs. En 1990, trois ans après le succès, critique surtout, de son premier album The Lion and the Cobra, l'Irlandaise Sinead O'Connor a conquis la planète pop avec ce I Do Not Want What I Haven't Got - vous n'avez pas oublié sa version d'une ballade de Prince, Nothing Compares 2 U, n'est-ce pas?

Presque 20 ans et 7 millions d'exemplaires vendus plus tard, l'album le plus connu de la chanteuse au parcours pour le moins cahoteux (elle a saboté sa carrière en 1992 en déchirant la photo du pape à Saturday Night Live) subit une timide réédition, en deux CD, accompagnés d'un famélique livret de quatre pages.

La musique parlera-t-elle pour elle-même? Disons d'abord que ce disque a mal vieilli, même si certaines chansons conservent leur force d'évocation. Feel So Different, qui ouvre l'album, avec ses violons trop parfaits pour être naturels (ils le sont pourtant), prend des rides. Idem pour les ponctions de basse synthétique de I am Stretched on Your Grave, sur une séquence rythmique décharnée qui laisse tout le loisir à la chanteuse d'y faire planer sa voix.

Curieusement, avec le temps, ce sont les chansons plus tangibles qui tiennent le mieux la route, les Three Babies, Black Boys on Mopeds ou The Last Day of Our Acquaintance (avec Jah Wobble à la basse). La voix d'O'Connor impose le respect, ses interprétations ne sont pas larmoyantes comme sur Nothing Compares 2 U, mais fort justes.

Le deuxième album amène son lot de côtés B et de curiosités. Comme sa version, réalisée par Daniel Lanois, du classique de Gregory Issacs, Night Nurse, qui annonce d'une certaine manière son album de reprises reggae de 2005, Throw Down Your Arms. On retrouve Lanois plus tard aux commandes d'un autre inédit, une reprise de Mind Games de Lennon et, pour clore l'album, une version en spectacle de I Want Your (Hands on Me) qui nous laisse surtout espérer une remastérisation de son premier album, le meilleur d'entre tous.