Daniel Bélanger est un être profondément musical. Ça s'entend dans les chansons de chacun de ses albums, mais ça n'a peut-être jamais été aussi frappant que dans le nouveau spectacle qu'il présentait au Métropolis hier soir.

Avec ses quatre musiciens, Bélanger a enveloppé ses chansons, les plus récentes de Paloma comme les moins jeunes de Rêvez mieux ou de Quatre saisons dans le désordre, dans des musiques intenses, très rock et pourtant souvent planantes, qui nous happaient et nous transportaient avec lui dans son Spoutnik multicolore.

«Les semaines sont difficiles, on est ici pour se laisser aller, arrêter de s'en faire. Faut chanter, faut danser», a dit le chanteur, pince-sans-rire, avant de se lancer dans Sortez-moi de moi. Pourtant, avant même que Bélanger et sa bande ne se pointent sur scène, on avait vu à l'écran un visage perplexe qui obéissait aux consignes d'une voix féminine robotisée et dont le sourire commandé laissait transparaître un malaise certain, malgré le bonheur promis par la voix de Big Sister.

Ce malaise dont Bélanger a souvent fait la matière première de ses textes s'exprimait dans des chansons de toutes les époques, depuis la récente Tout viendra s'effacer jusqu'à Les temps fous, en passant par Chante encore et, bien sûr, Sortez-moi de moi.

Ces airs connus semblaient tout à coup nés de la même couvée, servis par la basse ronde et omniprésente de Jean-François Lemieux, la guitare chantante de Guillaume Doiron, la batterie d'Alex McMahon et les percussions de l'énergique homme à tout faire Alain Quirion, qui officiait également aux claviers quand il ne jouait pas du thérémine.

Dans une deuxième partie de programme moins tempétueuse, la toute jeune ballade Ère de glace sonnait déjà comme un classique de Bélanger qui aura bientôt sa place parmi les Te quitter, Rêver mieux et autres Le parapluie, que la chorale des spectateurs a chantés spontanément avec lui. Des gens de «très bonne compagnie», comme l'avait souligné Bélanger en début de soirée.

Des classiques, Daniel Bélanger en a plus d'un, dont certains étaient remarquablement bien rendus hier. Comme Tu peux partir, la seule chanson retenue de l'album Nous, mais une grande, celle-là. Ou encore une Intouchable et immortel hallucinée qui ne semblait plus vouloir se terminer et que le public du Métropolis a saluée par une ovation prolongée.

Oui, les temps sont fous, comme le dit et le répète Daniel Bélanger, mais pendant plus de deux heures, sa musique nous l'a presque fait oublier.

Daniel Bélanger remet ça ce soir au Métropolis et sera de retour aux FrancoFolies, à la salle Wilfrid-Pelletier, le 17 juin.