Roch Voisine l'a avoué au début de son rendez-vous avec l'Orchestre symphonique de Montréal, hier soir à la Maison symphonique, il était un peu nerveux. Le chef Simon Leclerc, qui avait orchestré ses chansons pour l'occasion, avait voulu le déstabiliser, et il avait réussi.

Le public de Voisine aurait sans doute pu en dire autant. Ses chansons les plus connues, les plus rythmées surtout, étaient servies dans des orchestrations assagies, l'orchestre se faisant souvent très discret. L'heure n'était pas à la réinvention, mais au dépouillement.

Le chanteur avait beau inviter ses fans à taper des mains pendant Je resterai là, ils le faisaient sans conviction, comme si ce n'était pas de mise. Ce qui ne les a pas empêchés d'applaudir chaudement à la fin de cette même chanson, chantée en duo avec le premier invité de la soirée, Jean-François Breau. Pareil pour sa chanson cajun Jean Johnny Jean, moins dynamique malgré le clin d'oeil de la planche à laver quasi inaudible.

Roch Voisine a souvent été accompagné d'orchestres par le passé, mais il gardait toujours avec lui le coeur de son groupe de musiciens. Cette fois, il s'est abandonné totalement à l'OSM et à Simon Leclerc qui, on le sait, exige des artistes pop invités qu'ils laissent leurs instruments habituels à la maison. Quand le concert d'hier a été annoncé l'hiver dernier, Leclerc nous l'a dit clairement: «Je veux qu'on voie un Roch Voisine différent de celui qu'on voit habituellement.»

L'intérêt de ce concert feutré était donc ailleurs. Dans La berceuse du petit diable dont la beauté n'était en rien altérée par la quasi-absence de support rythmique ou dans une chanson que Roch Voisine n'a jamais enregistrée et qu'il chantait pour la première fois sur scène hier, If I Could, pourtant écrite il y a un quart de siècle dans un chalet au Vermont, nous a-t-il dit.

C'est avec une autre chanson presque oubliée, Les amants, écrite notamment avec Manuel Tadros, que Roch Voisine a impressionné. Cette chanson de 1999, qu'il a sortie de ses tiroirs en se disant que Céline Dion aurait pu la chanter pour son mari malade, lui a donné l'occasion de pousser sa voix et de faire véritablement passer l'émotion.

Ce concert pop symphonique a surtout permis d'apprécier la richesse de la voix de Voisine, plus à l'avant-plan que jamais. Le grand moment de cette soirée est survenu quand cette voix s'est mariée à celle de l'autre invité Patrick Norman pendant Perce les nuages.

Une troisième invitée, surprise celle-là, a dû se désister en raison d'une pharyngite, mais Roch Voisine a tenu à chanter quand même la pièce prévue au programme, Le chemin, dans des atours qui tenaient de la musique de chambre.

Ce concert sera repris ce soir, à 20 h, à la Maison symphonique.

Photo Olivier Jean, La Presse

Dans ce concert de la série OSM Pop, les chansons les plus connues de Roch Voisine étaient servies dans des orchestrations assagies, l'orchestre se faisant souvent très discret.