Ratatat a une fois de plus érigé un puissant mur de son au Métropolis lors d'une prestation à guichets fermés, hier soir, devant une foule gonflée à bloc en symbiose totale avec le duo électro-rock.

Pendant le rappel, Ratatat a servi deux de ses plus grands succès, Gettysburg et Shempi. Des spectateurs, le poing en l'air, dansaient en transe sur la musique.

Si le plus récent album du groupe, Magnifique, sorti en juillet dernier, n'est pas aussi exaltant que les quatre précédents, Ratatat se situe dans une case à part.

Le duo électro-rock new-yorkais, constitué du guitariste Mike Stroud et de l'homme-machine Evan Mast, crée une toute-puissance musicale avec des mélodies et des harmonisations que les fans du groupe connaissent et attendent comme une injection de drogue.

C'est la force de la musique de Ratatat: créer une attente difficile à soutenir. À la maison, par exemple, impossible d'arrêter un tube de Ratatat avant la fin.

Ceux qui ont vu les précédents spectacles du groupe à Montréal étaient avertis: on ne voit pratiquement jamais les visages de Mike Stroud et Evan Mast, qui restent dans l'ombre sous leurs cheveux longs.

En spectacle (plus généreux et plus long que la dernière fois), ils s'effacent derrière leur musique, laissant les spectateurs en immersion complète dans les sons, les projections et les lasers qui traversent le parterre.

Ratatat a commencé son spectacle avec Pricks of Brightness, tirée de son dernier album, ainsi que Cream on Chrome, aussi interprétée hier soir (qui rappelle à quel point Ratatat compte Mike Oldfield parmi ses plaisirs coupables ou pleinement assumés).

Des titres dansants qui font mouche, mais qui n'ont pas l'intensité des premiers albums de Ratatat, dont Classics.

Le groupe explique par ailleurs en entrevue avoir beaucoup réfléchi en écrivant son dernier album. Comment rester authentique sans faire du surplace?

D'un autre côté, à réentendre pour la énième fois Lex et Seventeen Years, hier soir, on conclut que c'est impossible à surpasser, même à répéter. Quels titres jouissifs, tout comme les chansons plus groovy Mirando et Loud Pipes.

Ratatat est de ces groupes pré-indie rock qui ont su durer avec une musique instrumentale qui prend aux tripes. Le souvenir d'avoir entendu Ratatat pour la première fois en 2004 est encore frais dans notre mémoire. Mais c'est avec l'album Classics, deux ans plus tard, que le groupe a assis sa réputation.

Plus de 10 ans plus tard, hier soir au Métropolis, il était beau de voir que le public de Ratatat s'est renouvelé et rajeuni et n'est plus majoritairement constitué de geeks de sexe masculin.

Le duo a exploité les rythmes chauds, voire tropicaux, de son album Magnifique, enregistré dans la chaleur et l'atmosphère insouciante de la Jamaïque. Il a aussi transformé le Métropolis pendant Nightclub Amnesia.

Faut-il rappeler qu'ils ne sont que deux, qu'on voyait à peine leur visage et que le seul mot adressé à la foule fut «merci»?

La musique électro-rock instrumentale contemporaine de Ratatat est d'une intensité et d'un contentement mélodique difficiles à égaler.