Les opéras bouffes ne font sûrement plus rire le public en 2014 autant qu'à l'époque où ils ont été composés. Et pourtant, avec le Don Pasquale des Jeunesses musicales du Canada, on a beaucoup ri à l'occasion de la première, présentée cette semaine à la Maison de la culture Frontenac.

Un nom à retenir: Oriol Thomas. Le jeune metteur en scène - qui s'attaquera d'ailleurs au Barbier de Séville de l'Opéra de Montréal dans une semaine - ne manque pas d'ironie et d'idées à revendre. Il a situé l'opéra de Donizetti dans un camping de roulottes, avec flamants roses, parasols, tenues de plage et barbecue. Dès qu'un personnage entre en scène attifé d'un ridicule costume de vacancier passé de mode, on s'esclaffe.

Résumons l'intrigue, une succession de quiproquos. Don Pasquale, vieux et riche célibataire, est victime d'un coup monté par trois complices: son ami le docteur Malatesta, son neveu Ernesto, qu'il souhaite déshériter, et l'amie de coeur d'Ernesto, Norina. Le docteur arrange un mariage entre Don Pasquale et Norina, présentée comme l'épouse idéale. La jeune fille rend plutôt la vie impossible à son nouveau mari pour qu'il change d'avis au sujet de l'héritage.

Le coeur avant tout

Les interprètes sont de jeunes chanteurs récemment diplômés de nos écoles de musique. Leurs voix n'ont pas fini de se développer, et si les interprètes n'ont pas acquis l'expérience des grandes maisons d'opéra, ils savent chanter et ils y mettent tout leur coeur. Bien formés au jeu scénique, ce sont aussi de très bons acteurs.

La soprano Roseline Lambert, en Norina, est excellente. Simon Chalifoux, baryton-basse, défend aussi très bien son personnage de Don Pasquale. La production est accompagnée au piano. Il faut savoir en outre que l'oeuvre a été amputée de quelques scènes et fait 90 minutes, entracte compris, sans que l'intrigue en souffre. Tous les airs importants ont été conservés.

Deux distributions seront de la tournée de trente représentations qui fera le tour du Québec et de l'est du Canada.

Ceux qui ont raté cette première pourront se reprendre au printemps. En effet, la production sera de retour à Montréal et à Québec en mars 2015 après avoir visité la Côte-Nord, la Gaspésie, les Maritimes et même les Îles-de-la-Madeleine. Une rare chance d'avoir de l'opéra de qualité en région.