Deux ans après avoir été révélé au FIJM et, plus récemment, aux Victoires (françaises) du jazz, le pianiste parisien Thomas Enhco a déployé son grand talent. 

Devant un public admiratif venu à sa rencontre, ce mardi à la Cinquième salle de la Place des Arts, il a suggéré une introduction soliloque (Fire Dance, You Don' t Know What Love Is), à la suite de quoi son bassiste canadien (Chris Jennings) et son batteur belge (Nicolas Charlier) se sont joints à lui pour interpréter La fenêtre et la pluie, suivi d'une version intelligemment ficelée et déficelée du standard All The Things You Are

Nous nous sommes ensuite imaginés dans un désert Jordanie; luttant contre la froidure nocturne, le pianiste y avait créé une mélodie sur laquelle s'est construite la pièce Wadi Rum et ses ponts de jazz vertigineux. Puis Enhco aura «tordu le cou» à l'Arabesque de Schumann, lui conférant des accents presque calypso en fin de parcours. Ballade au rappel, You're Just a Ghost, coiffée d'ultimes soubresauts. 

En somme, près de deux heures de musique généreusement exécutée. Virtuose, améliorée dans le détail depuis une paire d'années, généralement propre et de bonne famille malgré quelques légères déviations. À l'évidence, Thomas Enhco a choisi les autoroutes balisées pour y rouler avec assurance. Très vite et très bien.