Yann Perreau vient d'acquérir un studio. Il attend un enfant. Pour reprendre ses mots, il «n'a même pas eu le temps» d'être nerveux pour la première du spectacle À genoux dans le désir, présenté hier à La Tulipe.

Basées sur des textes inédits de Claude Péloquin, les chansons de son dernier disque sont interprétées pour la plupart en duo avec des femmes (Ariane Moffatt, MP Arthur, Élisapie). Les arrangements sont foisonnants. La réalisation, audacieuse.

De multiples raisons pour nourrir des idées de grandeur pour le spectacle? Perreau a plutôt opté pour une formule décontractée et minimaliste.

Pour la mise en scène, son ami Michel Faubert et lui ont recréé une ambiance chaleureuse de cabaret avec des éléments de mise en scène simples et habilement exploités.

Bête de scène

Perreau a lancé le spectacle à la batterie, emporté par les rythmes amérindiens de la pièce Les temps sont au galop. L'ombre du guitariste Jean-Alexandre Beaudoin tapissait un mur blanc, alors que la choriste et multi-instrumentiste Sarah Bourdon était au piano.

Recrutée récemment par Audiogram, cette auteure-compositrice folk assure la première partie de la tournée. La chimie opère entre Perreau et elle: ils flirtent et dansent ensemble, l'un taquine l'autre. La chanteuse gagnait en confiance de chanson en chanson. Chapeau: pas facile d'être à la hauteur de la bête de scène qu'est Perreau.

La grande aisance scénique de Perreau explique justement pourquoi la formule informelle de son spectacle fonctionne si bien: il danse, improvise et fait rire la foule comme si tous étaient réunis dans son salon.

Chaleureux

Entre deux confidences, Perreau joue de tous les instruments. Au piano, il touche en chantant Merci la vie et ses succès Le bruit des bottes et Grande brune, écrit par Arthur H.

Dégourdi, il sirote un verre au micro en imitant un vieux Français ou en parlant de ses cours prénataux. Avec émotion, il raconte comment la paternité a transformé sa vision d'un texte qui évoquait jadis en lui la mort de son père.

Certes, Yann Perreau a habitué son public à des spectacles plus ambitieux et aboutis. Mais le cabaret intime et chaleureux qu'il créé avec ses deux musiciens est à la fois touchant et délirant. Au moment d'écrire ces lignes, la foule dansait avec bonheur au son de Beau comme on s'aime.