Presque un an jour pour jour après le concert qui a marqué le lancement de son album Hisser haut, le comédien et chanteur David Giguère était de retour au National, vendredi soir. Retourner à cet endroit avait sans doute une valeur symbolique. Il a toutefois gardé ses états d'âme pour lui.  «Là, j'ai juste le goût de jouer de la musique!» a-t-il lancé après quelques chansons, coupant court à l'une de ses rares interventions.

Il n'avait pas besoin de parler: son sourire et son énergie disaient assez le grand plaisir qu'il avait à se retrouver sur scène, devant une salle bien garnie. Entouré, qui plus est, d'un groupe étonnamment étoffé pour un artiste en début de carrière: David Giguère, généralement debout au micro, était en effet accompagné de cinq musiciens (basse, guitare, batterie et deux claviers) auxquels il s'est mêlé à quelques reprises en s'installant lui aussi derrière un clavier.

Il avait toutes les cartes en main pour faire un spectacle qui sonne. Ce qu'il a fait. La douce intro (Le dépanneur) a été une espèce de leurre: une fois ce morceau terminé, le rythme s'est accéléré d'un seul coup avec des versions toniques de 1-2 et Carambolage. Le ton était donné: le concert serait moins électro que le disque, mais néanmoins enrobé de sons synthétiques, sans temps mort et toujours porté par une pulsation presque dansante.

David Giguère possède un charisme certain, au service d'une voix typée, d'un chant habilement partagé entre la chanson chansonnière et les inflexions pop, ainsi que d'une plume qui trouve des perles de poésie dans la simplicité. Des qualités qui ont été hissées encore plus haut vendredi par la cohésion de son groupe (affaibli par quelques failles dans les choeurs, il est vrai) et la finesse avec laquelle l'enchaînement de chansons avait été prévu (la mise en scène était signée Christian Lapointe).

On voit rarement de ces concerts au déroulement aussi impeccable, jusque dans le sympathique caméo de Karim Ouellet (sur 1-2). Tout ça est de bon augure pour la suite, que David Giguère envisage d'ailleurs d'écrire bientôt. Mais avant, il a encore des concerts à l'horaire partout en province, dont quelques-uns en première partie d'Ariane Moffatt.

En début de programme

Un autre acteur a foulé la scène avec ses chansons en début de programme : Emmanuel Schwartz (Caligula Remix, Littoral, etc.). Il est débarqué avec sa guitare acoustique et des textes denses. Ses morceaux manquent de mélodies, mais sa manière de faire tourner les mots, de jouer avec les sons et les répétitions laissent présager que, dans une forme plus finie, ils pourraient trouver une intéressante voie mitoyenne entre la manière des chanteurs folk et le flow des rappeurs.