Les 2400 personnes qui faisaient déborder l'Olympia pour le spectacle de Jack White, mardi soir, étaient choyées car elles avaient droit à un spectacle de puissance d'aréna dans une salle somme toute intime.

Quelle virée rock enflammée!  Rien à voir avec le spectacle interrompu de 50 minutes qui a mis en colère la foule du Radio City Hall, samedi soir dernier, à New York. La soirée s'est même terminée par un bon vieux salut et Jack White qui lance à la foule: «Montreal, see you soon».

Sur scène pendant près d'une heure et demie, White était d'une fougue inspirée, tout en puissance à la guitare et en communion parfaite avec ses musiciens.

En matinée, il avait décidé que c'était son groupe de gars, The Buzzards, qui allait l'accompagner. (Jack White tourne aussi avec un band de filles, The Peacocks, et l'un et l'autre apprennent le matin même des spectacles qui montera sur scène.)

Batterie, violon, slide-guitar, harmonica, guitare, claviers et contrebasse, les talents combinés des membres des Buzzards étaient de très haut calibre. Dans un road-trip musical au coeur de l'Amérique profonde, ils ont ressorti le meilleur des musiques blues, country et hard-rock, rendant hommage aux nouvelles racines de White à Nashville. Et que dire des solos vibrants de ce dernier, qui donnent envie de s'inscrire à des cours de guitare sur le champ tellement leur interprétation est jubilatoire.

White a lancé le bal avec Dead Leaves and the Dirty Ground de The White Stripes. Dès lors, le public était gonflé à bloc devant un mur de son à la fois puissant, groovy et d'une riche finesse sonore.

En plus de faire une reprise d'Hank Williams (You Know That I Know), Jack White a pigé dans tout son répertoire. Celui de son album solo (Missing Pieces, Weep Themselves To Sleep), des White Stripes (Hello Operator, Hotel Yorba, We're Going To Be Friends), des Raconteurs (Broken Boy Soldier) et de Dead Weather (I Cut Like A Buffalo).

Le tout s'enchaînait merveilleusement bien. En spectacle, il est impressionnant de constater à quel point l'univers de White est à la fois actuel, intemporel, et profondément ancré dans les racines du rock.

Dans une entrevue accordée à La Presse plus tôt en après-midi, White confiait être agacé par la période de l'industrie actuelle où les Twitter et compagnie ont parfois le dessus sur l'expérience pure de la musique. Avant le spectacle à l'Olympia, un gardien de sécurité a par ailleurs averti les spectateurs de ranger leurs téléphones cellulaires.

Oui, White a «pété sa coche» samedi soir à New York, car le son était supposément mauvais et, car un spectateur l'avait contrarié. Mais rares sont les artistes impulsifs et instinctifs comme lui dont il est impossible de connaître le set-list d'avance. Dans l'industrie où beaucoup de règles non dites sont formatées, White n'est pas un enfant terrible, mais un esprit libre qui désire préserver «l'essence d'un vrai show de rock'n'roll». Après tout, c'est quand un show est imprévisible qu'il est réellement magique.

Donc quand Jack White clôt un rappel avec son plus gros succès Seven Nation Army en prenant le temps de saluer chaleureusement la foule en souriant, on sait que c'est sincère.

Avec son look de vampire qui joue du blues, White est une belle bébite du grand livre du rock'n'roll, où il figure comme l'un des musiciens les plus marquants de sa génération.