Rufus Wainwright s'est produit la semaine dernière à l'Université des Arts de Berlin, point focal d'une tournée de cinq concerts qui coïncide avec la parution de son nouvel album, Out of the Game. Pour le chanteur montréalais, il s'agissait d'un retour attendu en Europe, et sur la scène allemande en particulier. Une soirée intime placée sous le signe de l'émotion et de la sincérité.

Rufus ne s'en cache pas: Berlin est l'une des villes avec lesquelles il se sent le plus d'affinités. «C'est l'un de mes chez-moi, a-t-il dit. Quand on a vécu à Berlin, c'est comme si l'on y était né.» Son fiancé, Jorn Weisbrodt, nouveau directeur artistique du festival Luminato de Toronto, est berlinois. Concert en forme de retrouvailles, donc, pour un public bigarré d'étudiants et de boomers branchés.

L'artiste, généreux, sait néanmoins se faire désirer. En première partie, son ami Teddy Thompson n'a pas vraiment passé la rampe. S'est ensuivi un long raccord technique, sur fond d'airs d'opéra italien - Wainwright est fou d'opéra - puis, vers 21h, on a enfin tamisé les lumières, l'homme de l'heure est entré en scène.

Ce qui frappe d'emblée, au-delà de l'ambitus vocal et expressif très étendu, c'est l'apparente simplicité, l'humanité et par moments la fragilité qui transparaissent dans ce que fait Rufus, dans ce contact franc avec son public, dans la façon qu'il a, pudique mais sans fard, d'évoquer ses inspirations, ses souvenirs, puis la mémoire de sa mère. Des chansons I Don't Know puis On My Way to Town de Kate McGarrigle, Rufus Wainwright a livré des interprétations à fleur de peau qui ont transporté la salle. Il a enchaîné avec Ode to L.A., Saratoga Songs et Sometimes You Need, sorte de clin d'oeil à ses deux parents.

La soirée a pris fin sur une note plus joyeuse, avec ce qu'il nomme sa «première chanson dance». Le tambour de basque dont il a joué n'est pas passé inaperçu. Ultime hommage, plein d'espoir, à la grande Kate.

Rufus Wainwright offrira un concert gratuit, le 28 juin, au Festival de jazz de Montréal.