Elle était attendue, Sylvie Vartan. Elle n'avait pas fait trois pas sur la scène que déjà, le public de l'Olympia était debout pour l'applaudir à tout rompre. Il faut dire que la chanteuse française n'était pas venue à Montréal depuis 1996.

De passage pour promouvoir son nouveau disque (le très digeste Bleu Soleil) l'ex-Mme Hallyday tranchait net avec l'image que l'on s'était faite d'elle. Longue robe de velours noir, gestuelle sobre, démarche classe: la chanteuse de variétés un peu cheap des années 70 avait fait place à une interprète «crédible» de 67 ans, reprenant même Leo Ferré (La vie d'artiste) ou Barbara (Mon enfance) entre les chansons assez graves de son dernier album.

On a le droit d'être en quête de noblesse.  Mais le rôle de «grande chanteuse» sied-il à Sylvie Vartan? Poser la question, c'est y répondre. La dame se la jouait Juliette Greco, mais on avait plutôt l'impression de voir Patsy Gallant chanter Piaf. À cette différence que Patsy a de la voix, ce qui - disons-le - n'a jamais été le point fort de Mme Vartan.

Pendant la première partie du concert, le public est resté sage. Ils étaient 550 - des têtes grises pour la plupart - à être venus pour entendre les vieux tubes de cette ancienne reine du yéyé devenue membre de la Légion d'honneur. Et il leur a fallu attendre au retour de l'entracte pour voir leurs voeux exaucés.  

Portant cette fois un tailleur et des pantalons (noirs, toujours) Sylvie Vartan a livré une version piano-bar de La plus belle pour aller danser, avant d'expédier La maritza, Les chemins de ma vie, Since you Don't Care et les incontournables Comme un garçon, Irrésistiblement et Qu'est-ce qui fait pleurer les blondes. La salle s'est animée. Sous les applaudissements, une vieille dame s'est même levée de son siège pour lui donner des fleurs. Mais la vedette a continué bêtement, sans s'écarter de sa feuille de route.

Finalement, c'est peut-être ce qui manquait le plus dans ce concert à deux volets: un peu de générosité. La performance était correcte, le groupe efficace (présence de Claude Engel, légende française de la guitare) et le public vendu d'avance. Mais pour ce qui est des grandes retrouvailles pleines d'émotion, on repassera.

Froide comme un frigo, Sylvie Vartan s'est à peine adressée au public, livrant ses interventions au compte-gouttes, de façon quasiment machinale. À quelques exceptions près, aucune anecdote, aucun échange avec les fans, aucune spontanéité qui nous aurait permis de croire à un «moment».

N'avait-elle rien de plus à dire après 14 ans d'absence?

N'aurait-elle pu faire mieux après 50 ans de carrière?