Pour un peu, on se serait mis à bronzer, tant le spectacle de Noël de Florence K, aux couleurs latino et particulièrement cubaines, réchauffait l'Astral ce soir!

Un spectacle assez torride, merci, pendant lequel la pianiste et chanteuse, carrément affriolante,  a interprété tout son récent «disque de Noël», Havana Angels, mais en encore plus jazz et plus latino. C'était mieux qu'un party de Noël, c'était une fiesta!

À quelques heures de s'envoler pour Cuba où elle participe justement au Festival de jazz de la Havane, Florence K a donc traversé la salle en chantant Santa Baby avant de monter sur scène, adorablement fausse ingénue et avec du sex appeal en masse (pleinement assumé, en plus). Mais surtout avec énormément de talent, de plaisir, d'abandon et de chaleur, afin d'interpréter à sa manière quelques classiques du temps des Fêtes et des chansons de son cru sur le même thème.

Et quasi tout du long, elle a littéralement fait corps avec son piano, accompagnée par d'excellents musiciens dont on ne taira pas les noms: Norm Zabala à la guitare et au tres (guitare cubaine), Domenic Romanelli à la contrebasse, Giovanni Arteaga au saxophone et à la flûte traversière, Eugenio Osorio aux percussions, Charles Imbeault à la trompette et Gordon Wood à la batterie - soulignons que Zabala, Arteaga et Osorio chantent également très bien. En compagnie de ces six lutins, la fée des étoiles amoureuse de la salsa, du danson, de la habanera et de la bossa nova a fait des merveilles sur scène!

Le choeur féminin Maha est aussi venu lui prêter main forte - et voix douce - pour deux chansons, El Camino del Navidad («qui veut dire le chemin de Noël et non le camion de Noël», a précisé Florence K avant d'éclater de rire) et une belle reprise de Down To The River To Pray d'Alison Krauss.

Malgré quelques problèmes de son en tout début de spectacle, des bruits de verre cassé pendant un morceau plus introspectif (Olha Pro Ceu de Jobim, où Florence K a révélé la pianiste jazz inspirée qu'elle est fondamentalement) ou des toux caverneuses montant du public, la jeune femme n'a jamais perdu de sa superbe, rattrapant tout avec son humour épicé, offrant même carrément à tout l'Astral une tournée de rhum en plein milieu du spectacle!

Mais c'est le rhum musical, si on peut dire, qui a eu le plus d'heureux effets sur les spectateurs: la monumentale improvisation qu'est devenu Merry Christmas Baby, le medley incroyablement enlevant des morceaux les plus populaires tirés des trois autres disques de la pianiste-chanteuse, la très jolie chanson I Hear The Bells écrite par Florence K, la guitare qu'elle a pincée pendant Greensleeves (oui, en version latino!) en hommage à son père, présent dans la salle...

On soulignera la mise en scène de Brigitte Poupart, tout en contrastes, en drôlerie et en charme, avec beaucoup de place pour la connivence entre miss K et ses musiciens. En deux heures sans entracte et sans temps mort, la brune Florence a fait oublier l'hiver à la salle, tout en lui permettant de mieux apprécier le répertoire de Noël, tous ces vrais de vrais «standards» qu'elle a revus et réchauffés à sa façon pétillante et dansante. Ce spectacle n'a qu'un seul vrai défaut: il faudra attendre Noël prochain pour qu'il repasse à Montréal! Petit papa salsa, quand tu descendras du ciel, n'oublie pas de nous ramener Florence K.