Autre signe de renouveau dans la programmation des Nuits d'Afrique La première montréalaise de ce groupe contagieux de Cape Town - au Balattou mercredi et jeudi au parc Émilie-Gamelin. Cap sur Freshlyground, donc. On rapporte que cette formation multiraciale fait beaucoup de chemin en Afrique du Sud depuis sa constitution en 2002.

«Ce mélange de cultures est survenu à une période de l'histoire où beaucoup de Sud-Africains étaient prêts à apprécier un groupe multiracial.

On se souvenait encore de Mango Groove, qui avait eu du succès au début des années 90, ce qui coïncidait avec la fin de l'apartheid. Lorsque nous avons commencé notre carrière au début de la décennie, le public était d'autant plus disposé à apprécier un groupe multiracial» explique Zolani Mahola, chanteuse de Freshlyground.

«Si nous sommes bien acceptés? Très bien. Bien sûr, il y a des gens des deux communautés, blanche comme noire, qui s'interrogent sur le bien fondé d'un tel projet artistique. Nous éveillons la curiosité mais parfois aussi les préjugés. Chose certaine, nous créons la surprise.» Issue de l'ethnie xhosa, Zolani Mahola a grandi dans un township près de Port Elizabeth.

Paradoxalement, un drame familial l'a conduite vers un autre avenir que celui auquel elle était destinée. Elle raconte: «Lorsque ma mère est morte quand j'étais encore petite, mon père m'a inscrite dans une école privée dont la clientèle était multiraciale. Mon père n'avait pas beaucoup d'argent, il s'est sacrifié pour ses enfants et nous avons finalement pu bénéficier d'une très bonne éducation. Par conséquent, je n'ai pas abordé les rapports interraciaux comme les enfants de mon voisinage.

Dans les townships, vous savez, les enfants noirs vont très majoritairement à l'école noire.» «Par la suite, je suis allée faire des études de théâtre à Cape Town.

J'étais en deuxième année, j'étais alors impliquée dans groupe punk rock, puis ça s'est terminé. Peu après, un musicien m'a entendue chanter dans une pièce de théâtre. Il m'a invitée à rencontrer ses amis musiciens, je les ai trouvés cool. Puis j'ai interprété une chanson avec eux sur une scène, après quoi on m'a invitée à prendre part aux répétitions.» Freshlyground venait de voir le jour. Trois albums studio ont été lancés depuis 2003: Jika Jika, Nomvula et Ma'Cheri ont propulsé ce groupe au sommet de la nouvelle pop culture d'Afrique australe.

«Notre musique n'est pas purement africaine, souligne Zolani. Que signifie la pureté de nos jours? Vous pourrez noter des éléments de pop et de rock indie, des harmonies parfois jazz, enfin plusieurs influences extérieures qui s'ajoutent à nos bases sud-africaines. D'autant plus que les membres du groupe sont issus de plusieurs générations; le plus âgé d'entre nous a 48 ans, le plus jeune en a 26. Différentes nationalités y sont aussi représentées: il y a des Sud-Africains, bien sûr, mais aussi des gens du Zimbabwe et du Mozambique.»

Après Ma'Cheri, lancé en 2007, Freshlyground prépare actuellement un nouvel opus, en plus de ratisser la planète afin d'y dévoiler ce nouveau visage de l'Afrique du Sud : cosmopolite et ouvert au reste de cette petite planète.

Dans le cadre des Nuits d'Afrique, Freshlyground se produit mercredi, 21h, au Balattou et jeudi au parc Émilie-Gamelin, à la suite de Zekhul, Tapa Diara, Nii, Idy Oulo, Juan Sebastian Larobina.