C'est de loin le projet le plus intrigant de l'été. Treize musiciens, dirigés par le groupe Call Me Poupée, vont rejouer, le temps d'un concert, les meilleures trames sonores de films érotiques québécois des années 70. Valérie, L'initiation, Viens mon amour, Après-ski... ça vous dit quelque chose?

Si vous avez plus de 40 ans, la réponse est claire. Sinon, sachez que ces films érotico-soft occupent une place tout à fait unique dans l'histoire du cinéma québécois. Tout particulièrement Valérie, puisqu'on y voyait pour la première fois les seins d'une Québécoise à l'écran (ceux de la plantureuse Danielle Ouimet, en l'occurrence). C'était en 1969, il y a très exactement 40 ans...

 

Évidemment, on ne parle pas de chefs-d'oeuvre. Au-delà de leur valeur sociologique, ces films étaient souvent malhabiles, voire carrément mauvais. Sans surprise, ils ont été massacrés par la critique.

Mais pour la musique, c'est une autre histoire. Et c'est pourquoi le groupe Call Me Poupée a décidé de leur rendre hommage, dans ce spectacle intitulé Érotique PQ, qui sera présenté au volet Off du Festival d'été de Québec. «Il y a vraiment du bon stock dans ces trames sonores, explique Ken Fortrel, moitié masculine de Call Me Poupée. Ça nous a permis de découvrir des compositeurs québécois qu'on n'aurait pas nécessairement écoutés sinon. Des gens comme François Cousineau, Stéphane Venne, Jacques Crevier ou Paul Baillargeon.»

Ken Fortrel s'étonne encore que personne n'ait eu l'idée d'un tel projet auparavant. Les musiques de «sexploitation» ont la cote depuis une dizaine d'années. Des films-cultes comme Vampyros Lesbos ou Deep Throat ont connu un second souffle grâce à la réédition CD. Mais au Québec, il semble que le buzz soit tombé entre les craques. Quelques-unes de ces trames sonores possèdent pourtant une valeur certaine, notamment Après-ski, qui est actuellement un des disques québécois les plus convoités sur le marché des collectionneurs, en raison de ses redoutables grooves jazz-funk.

«Pour nous, tout est parti de cet album, souligne Ken Fortrel. Le film est un peu cabotin. Mais la musique est vraiment excellente. Ce qui nous intéressait au départ, c'était de monter un big band pour faire du jazz à gogo et du gros funk sale. Dans ce sens-là, Après-ski a vraiment donné le ton au spectacle.»

Ken Fortrel insiste: Érotique PQ n'est pas un concert de Call Me Poupée, mais plutôt un concept en devenir, qui pourrait bien être repris à Montréal d'ici l'automne. Le collectif inclut par ailleurs des membres du groupe ska les Skopitones, le guitariste Mingo l'Indien (Quatro, Georges Leningrad), le VJ Ludwig Wax (Le Nombre), le claviériste Rackham, les DJ Satan Bélanger et Otis Fodder, sans oublier la chanteuse Poupée, qui reprendra les classiques sans vertu de Patsy Gallant (Maman ne m'a pas dit) et la ballade Un jour, il viendra mon amour, qui a lancé la carrière de Diane Dufresne en 1970.

Pour les slows cochons, ce sera là ou jamais...

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Call Me Poupée présente Érotique PQ au Off Festival d'été de Québec, le jeudi 16 juillet, 22h, au Studio P, 280 rue Saint-Joseph Est.