La Norvège a remporté haut la main la 54e édition de l'Eurovision, où elle partait favorite, lors d'une fête riche en lumières, corps de rêve et sourires éblouissants, mais quelque peu ternie par la dispersion musclée plus tôt dans la journée d'une gay pride interdite.

Le vainqueur est Alexander Rybak, un beau jeune homme d'origine bélarusse, qui a fêté il y a quelques jours à peine son 23è anniversaire. Sa chanson «Fairytale», dont il est l'auteur-compositeur, le montre jouant du violon sur des airs d'inspiration est-européenne au milieu de jeunes femmes sexy.

La Norvège avait déjà remporté le concours de l'Eurovision en 1985 et 1995. Elle s'est imposée facilement devant l'Islande et l'Azerbaïdjan et devrait organiser l'édition 2010.

Plus de 16.000 personnes étaient rassemblées dans le stade olympique de la capitale russe pour le show, qui devait également être suivi par quelque 100 millions de téléspectateurs, selon les organisateurs.

La Norvège, la Turquie et la Grèce figuraient depuis plusieurs jours parmi les favoris. Chacune des performances a été saluée d'un tonnerre d'applaudissements, tandis que les spectateurs agitaient force drapeaux de tous les pays.

La Russie était représentée par Anastasia Prikhodko avec la chanson «Mamo». La France, candidate malheureuse depuis 1977, n'a pas fait recette, bien qu'elle ait dépêché cette fois une de ses stars les plus connues, la chanteuse Patricia Kaas.

Le signal du début du vote a été donné par écran interposé par deux des cosmonautes actuellement en mission dans la Station spatiale internationale, le Japonais Koichi Wakata et le Russe Guennadi Padalka.

La Russie accueillait pour la première fois sur son sol cette messe de la pop musique, particulièrement appréciée en Europe de l'Est. Les autorités, bien décidées à la mettre à profit pour flatter le patriotisme des Russes et démontrer leur capacité à organiser un événement de grande ampleur, ont mis les petits plats dans les grands, et n'ont pas lésiné sur les moyens.

Elles ont consacré quelque 32 millions d'euros à cet événement, ce qui en fait l'un des concours les plus chers de l'histoire de l'Eurovision. La ville avait été parée de drapeaux, de fleurs et d'affiches glamour aux couleurs de la Russie et des pays candidats.

Mais la journée a également été émaillée d'incidents, en premier lieu la dispersion d'une «gay pride» censée promouvoir la cause homosexuelle dans un pays où l'homophobie est très répandue.

Le rassemblement, qui avait lieu la veille de la journée mondiale de lutte contre l'homophobie dimanche, avait été interdit par la mairie de Moscou, farouchement opposée au mouvement de défense des droits des homosexuels.

Il a donné lieu à plusieurs dizaines d'arrestations parfois musclées parmi les militants gay. Au moins 40 personnes ont été interpellées samedi lors de divers rassemblements non autorisés, selon la police citée par l'agence Ria Novosti.

L'un des organisateurs de la gay pride, Nikolaï Alexeïev, qui a lui même été arrêté, avait appelé les artistes devant participer à la finale de l'Eurovision à «boycotter» l'événement afin d'«envoyer un message disant que l'oppression des droits de l'Homme par la Russie n'est pas acceptable». L'Eurovision compte beaucoup de fans dans les milieux homosexuels.

 «Le gouvernement russe utilise l'Eurovision cette année comme un gala pour montrer au monde les progrès qu'a fait le pays depuis le début des années 90. Mais ce qui a été observé cet après-midi dans les rues de Moscou montre au monde à quel point la Russie a peu avancé en matière de droits de l'Homme fondamentaux», ajoutait M. Alexeïev.