En attendant l'annonce d'une tournée plus considérable et la sortie de l'album Tonight: Franz Ferdinand, les 700 fans montréalais de la première ligne se remettent encore de cette performance coup de poing, donnée mercredi. La Tulipe a frémi de toutes ses pétales!

Le quartette from Glasgow, on le sait, n'est pas du genre à allonger la sauce. En un peu plus d'une heure et quart, une quinzaine de chansons, dont la moitié figure sur le nouvel album (en magasin au Canada le 27 janvier), ont été balancées à un public gagné d'avance, dans un cadre très intimiste, considérant la réputation du groupe.

 

Au-delà de cette accointance on ne peut plus prévisible, on peut dire sans hésiter que Franz Ferdinand a été à la hauteur de sa réputation. Performance bien tassée, truffée de seconds degrés, d'irrévérence, de sourires en coin, de testostérone en fortes doses, de pure attitude rock.

Alex Kapranos et ses collègues ont d'abord livré la toute nouvelle Bite Hard, qui illustre bien le tournant pris par le nouvel album: une présence plus forte des claviers post-new wave et traitements électroniques sommaires, joués sur scène (surtout) par Nick McCarthy qui officie également à la guitare.

Ces petites réformes, il faut dire, ne désamorcent en rien la contagion engendrée par les cordes électriques et, bien sûr, par la voix grave et virile du chanteur Alex Kapranos. Pour avoir rencontré le mec mercredi après-midi (on vous en parle en janvier prochain) et l'avoir observé de près, je puis confirmer qu'il est le croisement idéal entre le créateur lettré, l'animal nocturne et la bête de rock. Débarqué avec son proverbial blouson de cuir et sa Telecaster génératrice de riffs aussi brefs qu'efficaces, Kapranos s'en est donné à coeur joie.

Du rock de qualité

Même si une portion importante de cette nouvelle cuvée de Franz Ferdinand se déploie sur des tempos moyens, cela ne se fait pas au détriment de cette redoutable machine qui nous passe sur le corps sans qu'on n'y oppose quelque résistance. Franz Ferdinand se démarque non seulement par la puissance et l'exactitude de sa dégaine, mais aussi par la qualité de ses compositions.

À l'écoute de Turn It On, on aura remarqué la conception idéale d'une chanson rock entrecoupée de leads succincts de Kapranos, qui se dépatouille fort bien à l'intérieur de ses limites techniques. Voilà une autre grande qualité du leader: ne jamais trop en mettre, en plus de prévoir les déflagrations au moment opportun.

Quelques remarques sur les autres inédites?

L'introduction de Live Alone fait penser à London Calling, des Clash. La suite de la chanson est très différente, cependant.

No You Girl, rugueuse à souhait, est coulée sur une basse qui roche et roule, qui frappe dans le mille. Encore une fois, on contemple la rigueur de la construction. Il est tout de même incroyable de voir ces autodidactes procéder avec autant de discernement... et si peu de connaissances musicales.

What She Came For comporte aussi les caractéristiques du nouvel album: introduction de claviers, rock d'aplomb, finale musclée à souhait.

Ulysses, premier extrait du nouvel album servi au premier rappel, nous plonge dans un univers nocturne et insolite où l'on s'éclate allègrement. On applaudit la montée dramatique de cette chanson qui nous mène à conclure que tout n'a pas été dit sur la planète rock.

Vous vous doutez bien que Franz Ferdinand ne pouvait se limiter à son répertoire inédit, que les réactions les plus ferventes ont été déclenchées par les chansons connues: Do You Want To, Walk Away, The Fallen, Outsiders, tirées de l'album You Could Have It So Much Better, le reste provenant de l'éponyme - Michael, The Dark of the Matinée, 40's, This Fire servie au quatrième rappel.

Inutile d'ajouter que Take Me Out a été la mieux accueillie de toutes, et pour cause: à l'instar des plus grandes chansons rock de l'histoire, elle vous explose invariablement le plexus. Ce n'est que partie remise.