Soirée aigre-douce mardi en compagnie de l'égérie folk-rock Ani DiFranco, de passage au Métropolis pour présenter les chansons nouvelles de l'album Red Letter Year, lancé il y a quelques semaines sur son label Righteous Babe, et réitérer à quel point l'élection de Barack Obama lui avait redonné espoir en l'Amérique.

«Le mot circule partout sur le circuit folk: je suis heureuse!», a lancé, dans un autre joli moment d'autodérision, la musicienne américaine, autrement réputée pour son tempérament bouillant et son engagement social et politique acharné. Une petite fille, un bonheur conjugal avec son chum de coproducteur qu'elle, l'ancienne «folk hero» homosexuelle, n'a pas hésité à chanter devant ses fans, et des élections présidentielles gagnées confèrent manifestement à Ani DiFranco un élan différent.

 

Depuis le début des années 90, Ani DiFranco, auteure, compositrice, chanteuse et (fort bonne) guitariste, tisse une oeuvre costaude d'une phénoménale prolixité. En moyenne, la musicienne de 38 ans a lancé un album studio par année depuis 1990 une imposante feuille de route aux textes souvent raffinés, directs et sensibles, qui suggère d'ailleurs qu'elle aurait pu être plus généreuse sur scène et étirer la soirée au-delà de 90 minutes.

Le Métropolis était loin d'être bondé (peut-être 700 fans?), mais la musicienne s'est bien accommodée de l'espace libre, insistant sur le côté intimiste et désormais plus heureux, ainsi qu'elle s'est amusée à le rappeler de sa performance. Les doux arrangements faisaient couler de source les compositions, on s'attardait alors davantage sur sa voix, forte et texturée, et sur ses mots.

Sur scène à ses côtés, une formation réduite mais habile. Une batteuse, un contrebassiste et un vibraphoniste jouant occasionnellement des percussions. Un tout nouveau groupe, qui donne une vraie belle couleurs à ses chansons verbeuses, souvent clamées (manifestées?) plus que chantée.

On soulignera d'abord le son clair et léger de la batterie, les inflexions jazzées et bluesées du jeu du contrebassiste, la superbe maîtrise du vibraphoniste, dont l'instrument donnait une vraie belle dimension à la performance d'Ani DiFranco.

Proposant les meilleures chansons de son répertoire les fans étaient ravis d'entendre les 32 Flavors, Emancipated Minor et autres Napoleon, la prolifique musicienne en a profité pour offrir deux chansons toutes fraîches, dont une, intitulée November 4th, 2008, qui ne laissait plus aucun doute sur ses allégeances politiques.

Une jolie soirée, vite passée, auprès d'une artiste qui n'a pas la langue dans sa poche.