Roxanne Potvin chante surtout en anglais. Son art, cela étant, n'a strictement rien à voir avec celui de Pascale Picard. Écoutez les chansons de No Love For The Poisonous : de toute évidence, l'âme qui fait vibrer ce corps de 26 ans n'est pas jeune.

Encore peu connue au Québec, l'auteure-compositrice-interprète Roxanne Potvin a déjà fait un bon bout de chemin. De passage à Montréal la semaine dernière, elle venait y faire la promotion de son troisième album en plus d'annoncer sa venue sur la scène du Savoy (Métropolis), ce soir et demain.

Peu encline à l'ostentation, Roxanne Potvin exhale le calme et la circonspection des êtres doués et déterminés.

Déjà, son histoire suscite la curiosité.

«J'ai commencé à faire de la musique dans la région d'Ottawa, dans les bars de blues. À l'âge de 15 ans, j'avais vu Jonny Lang à la télé. Déjà, j'avais des goûts musicaux assez différents du reste de mes amis, j'avais des préférences pour les oldies, le vieux rock'n'roll, les Beatles dont j'étais totalement fan. Quand j'ai entendu Lang pour la première fois, j'ai trouvé cool qu'il joue cette musique et qu'il ait mon âge.»

Roxanne Potvin a ensuite réalisé que la musique qui lui plaisait tant depuis l'enfance tirait sa source dans le blues. «Mes goûts ont évolué par la suite. J'ai creusé, j'ai écouté plein de disques, j'ai lu des entrevues d'artistes qui m'intéressaient afin de savoir quelles musiques les avaient marqués. Non seulement les chanteurs et musiciens de blues mais aussi la soul d'Aretha Franklin, Irma Thomas, Mavis Staples, Ruth Brown et, surtout, Dinah Washington.»

Amorcée dans son patelin, la jeune carrière de Roxanne Potvin se poursuit à Toronto, où elle a enregistré No Love For The Poisonous.

«Je suis partie là-bas non seulement pour la musique mais aussi pour l'expérience personnelle. Ayant grandi dans la région de Hull-Ottawa, j'avais envie de voir autre chose. Lorsque j'ai enregistré l'album précédent à Toronto, j'y ai beaucoup aimé l'ambiance et l'énergie stimulantes. J'ai alors décidé de m'y installer pour un moment»

Réalisé par Dave McKinnon, No Love For The Poisonous réunit Christine Bougie aux guitares lap steel, Roger Travassos à la batterie et Mark McIntyre à la basse.

Et pourquoi chanter en anglais?: «J'ai grandi dans une famille bilingue, particulièrement du côté de mon père. J'ai toujours vécu dans les deux langues. À cause du style de musique que j'ai choisi, j'ai cru bon commencer en anglais. Je suis mon instinct, mais j'aime aussi beaucoup écrire en français. J'ai une grande curiosité, j'essaie de retenir tout ce que j'aime et le greffer à mon vocabulaire.»

Une chanson et demie en français fait néanmoins partie de la douzaine de pièces de No Love For The Poisonous.

Au fait, Roxanne Potvin, qui fait dans le country blues, le folk, le vieux rock et le soul, croit-elle être née à la bonne époque?

«Mais oui ! répond-elle. Ces influences constituent ma base. Je me présente plus en tant que moi-même sur ce nouvel album, je suis plus distanciée de ces racines. C'est un peu comme s'affranchir de ses parents. Vous savez, je suis passée progressivement de la musique des années 50 à celle des années 60, 70 et 80. Par exemple, j'ai beaucoup écouté The Clash ces derniers mois. Mais il est toujours bien de savoir d'où on vient.»

Roxanne Potvin et son groupe se produisent ce soir et demain au Savoy du Métropolis.