Le quatuor de saxophones Quasar se propose de mener une Opération numérique: interagir en temps réel avec les artistes multimédia du collectif Artificiel.

«C'est la suite de ce qu'on avait présenté en mai 2007 au Festival international de musique actuelle de Victoriaville», amorce Marie-Chantal Leclair, leader de Quasar, un ensemble qui n'a jamais eu peur des coefficients élevés de difficulté, ni des risques inhérents à une telle expérience.

En mai 2007, donc, Quasar et Artificiel avaient testé ce concept interactif sur une scène du FIMAV. Les artistes se souviennent du caractère aléatoire (pour ne pas dire échevelé) de cette première tentative.

«En fait, on a revisité le concept. La première fois, c'était plus un terrain de jeu, on vise maintenant l'oeuvre. Pour ce, nous avons amélioré notre outil logiciel qui nous permet de faire de l'échantillonnage audiovisuel en direct, et qui nous permet conséquemment de travailler avec des interprètes. Ainsi, on peut composer en direct sur des trames électroniques à partir d'une matière sonore captée sur place. L'idée c'est de faire de l'électronique tout en restant alerte sur le terrain», explique Julien Roy, un des compositeurs d'Artificiel, ensemble de musique électronique et d'art médiatique.

À Montréal, Artificel a déjà présenté le fruit de son travail dans le cadre du festival Mutek en plus de réaliser maintes installations sonores à l'étranger. Le collectif est formé des compositeurs Julien Roy et Alexandre Burton ainsi que l'artiste vidéo Jimmy Lakatos.

«Nous sommes toujours un peu en retard sur ce que l'interprète joue pour ensuite le projeter dans l'espace avec le traitement audiovisuel. Ainsi, les saxophones sont enregistrés et filmés, ils doivent s'en tenir à un canevas de base, une forme musicale qui permet à chaque interprète de s'exprimer. Plus précisément, chaque musicien a son moment de captation audiovisuelle», explique Julien Roy.

Et pourquoi avoir choisi de travailler avec Quasar, composé des saxophonistes André Leroux, Jean-Marc Bouchard, Mathieu Leclair et Jean-Marc Bouchard?

«Je travaille avec Quasar depuis longtemps, répond Roy. En fait, j'ai toujours pensé que Quasar était ouvert à la création, capable de maintenir les formes ouvertes jusqu'à la dernière seconde. Avec les instrumentistes, c'est souvent le contraire: ils espèrent recevoir des consignes très précises lorsqu'ils interprètent une oeuvre électronique. Les musiciens de Quasar, eux, se donnent cette liberté d'expérimenter.»

À l'endroit des artistes électroniciens, Marie-Chantal Leclair se montre aussi élogieuse. «Dans cette démarche, la technologie est d'abord au service de la musique. Avec Artificiel, nous sommes sur la corde raide et ça fonctionne! Parce que la machine sert le jeu «naturel» des instrumentistes. L'approche n'est jamais contraignante, elle nous permet souplesse et fluidité. En tant qu'artistes, nous aimons avancer là-dedans, avec cet a priori: c'est le résultat qui compte.»

Opération numérique, mercredi soir à L'Espace Dell'Arte, à 20h.