Un an après sa dernière performance montréalaise au festival Osheaga, le quatuor britannique Bloc Party est revenu hier soir mettre le feu aux planches, cette fois au Métropolis, et armé d'une nouvelle collection de chansons réunies sous le titre Intimacy. Intimité, vraiment? Ce n'est pas exactement ce qu'on devait ressentir sur le parterre ultrabondé

Belle soirée passée à l'enseigne art rock, avec les Londoniens comme tête d'affiche, et le quintette torontois Holy Fuck - si si, celui-là même que le gouvernement conservateur a cité en (mauvais) exemple pour justifier l'abolition du programme d'aide au secteur culturel PromArt - en énergique première partie. Le Métropolis avait fait le plein d'amateurs de rock raffiné, avec l'assurance que Bloc Party ne livre pas de mauvais concerts.

 

Promesse tenue. On se rappelle leur première visite, c'était au cabaret La Tulipe, tout aussi bondé et curieux de voir de près l'incandescent guitariste et chanteur Kele Okereke et ses collègues. Même magnétisme hier soir - et que dire de cette section rythmique toute-puissante, ce batteur Matt Tong fameusement articulé, le geste précis, le martèlement qui donne l'élan essentiel aux compositions de son groupe. Tong, à lui seul, donne un sacré bon show. Bref, ça a commencé avec fracas, peu avant 22h. Avec deux chansons toutes fraîches de surcroît: Halo et Trojan Horse. La première se remarquant pour la force d'exécution, la seconde parce qu'elle est tout simplement la meilleure composition d'Intimacy, un disque par ailleurs fort inégal. Et étrangement mis en marché, faut-il souligner.

Lancé officiellement le 21 août, Intimacy n'est pour l'instant disponible que sur le site web officiel du groupe (www.blocparty.com), en format MP3. Ne le cherchez même pas sur le iTunes Store, il n'y apparaîtra que le 28 octobre prochain, en même temps que la version CD.

Suite logique de A Weekend in the City, dans la mesure où les arrangements électroniques y sont aussi prépondérants, Intimacy se répand toutefois moins dans les expérimentations sur le plan de la composition, cherchant d'abord la concision des structures (et la limpidité des textes). Bloc Party s'y montre capable du pire (nous y reviendrons) et du meilleur, comme Trojan Horse et ses phrases de guitares électriques qui nous soulèvent. Le public a tout de suite reconnu la valeur de cette chanson, à ranger déjà parmi les classiques du groupe.

Les classiques n'ont d'ailleurs pas mis trop de temps à apparaître. Positive Tension (avec ses élégants effets de guitare), Waiting For the 7:18 et The Prayer (mue par une batterie qui boite et pioche) avec lesquelles le groupe a enchaîné qui ont mis le parterre sur la touche, les bras en l'air. Peu après, le succès Banquet (tiré de Silent Alarm) a forcé les fans à danser jusqu'au fond de la salle. «J'aime jouer à Montréal, a dit Okereke. Vous me faites apprécier mon job!»

Hormis un ou deux passages où les musiciens devaient accorder leurs guitares, la soirée n'a connu à peu près pas de temps mort. Le son Bloc Party ne supporte pas la contemplation. Un rock dense, richement enrobé d'effets de guitares, propulsé par des rythmes syncopés qui suggèrent les déhanchements. Un caractère souligné par Talons, deuxième extrait d'Intimacy (mais disponible seulement sur la version CD), qui démarre doucement sur un rythme squelettique, la voix d'Okereke noyée dans son propre écho, pour exploser sur le dernier tiers. Les irrésistibles This Modern Love et Like Eating Glass ont conclu le concert, moins d'une heure après les premières notes.

Au rappel, le leader nous a invités à faire sauter le plafond: «I said, it's time for you to take the roof off!». Pour nous y aider, une nouvelle chanson franchement décevante, Ares, qui ouvre Intimacy.

Une composition vide de sens et d'âme qui n'offre qu'une rythmique façon «big beat», Chemical Brothers de première génération, sans mélodie accrocheuse ni jeu de guitare particulièrement lumineux. Heureusement, Price of Gas, Flux et Helicopter ont effectivement fait sauter le plafond du Métropolis. Et le public a quitté les lieux rassasié, après 75 minutes de rock dynamique et exutoire, merci, bonsoir.