Madonna se ménage sur scène et elle a habitué son public à des tournées plus spectaculaires. À 57 ans, on ne peut lui reprocher de ralentir la cadence, mais la sélection de chansons de sa nouvelle tournée laisse à désirer.

Dans sa nouvelle tournée Rebel Heart lancée hier au Centre Bell, Madonna a misé sur le propos de sa mise en scène. Elle a aussi mis en valeur sa voix dans des prestations acoustiques intimistes.

Like a Prayer ? Hung Up ? Ray of Light ? Erotica ? Tous ces tubes ont été écartés du spectacle. Madonna a offert, comme le voulait la rumeur, une reprise de La vie en rose d'Édith Piaf. Et heureusement, elle a servi Holiday au rappel.

Madonna gardera peut-être toujours son coeur de rebelle, mais c'est plutôt une certaine vulnérabilité qui se dégageait hier de son nouveau spectacle aux différents segments : religieux, latin, jazz.

Son dernier album a fait piètre figure dans les palmarès, mais Madonna ne l'a pas écarté de sa tournée. Au contraire. Elle a en outre déterré de vieux succès au rythme plus lent, dont True Blue, qui lui permettait de chanter pleinement au lieu de danser.

Comme prévu, le spectacle s'est ouvert à 21h30 avec Iconic et une vidéo du boxeur Mike Tyson ensanglanté dans une cellule. Madonna était en détention, elle aussi, alors que des gardes futuro-médiévaux faisaient les cent pas. Puissant.

Puis Madonna, « la vraie », est descendue des airs à bord d'un cachot.

Vêtue d'une cape rouge (courte, cette fois-ci), la star de 57 ans s'est élancée avec ses danseurs sur la passerelle en forme de croix qui traversait le parterre pour se produire sur une surface en forme de coeur. Chance The Rapper est apparu à l'écran pendant sa participation vocale.

La Madone a enchaîné avec Bitch I'm Madonna devant des projections d'images nippones interrompues par un segment filmé avec Nicki Minaj.

Vêtue d'une robe noire et de cuissardes au look sexy, rock et élégant, Madonna a attrapé une guitare pour Burning Up, magnifié par des images de feux brûlants. Une pièce tirée de son tout premier album paru en 1983.

Moment Factory signait le visuel de Holy Water. Les scènes de bondage japonais accompagnaient les danseuses qui faisaient du strip-tease sur des croix, vêtues en nonnes sexy. Madonna s'est mise à tournoyer sur le corps à l'horizontale de l'une d'elles, puis elle a offert un trop bref remix de Vogue. Sur scène, ses danseurs reproduisaient alors la dernière cène de Jésus et ses apôtres.

Madonna s'est bientôt retrouvée couchée sur la table, les jambes ouvertes et les mains ligotées. Puis elle s'est mise à chanter la ballade acoustique de son nouvel album Devil Pray. Un prêtre noir rappelant le Jésus controversé de son clip Like a Prayer est apparu sur la passerelle. Très réussi.

Madonna aime Montréal

Le deuxième segment du spectacle s'est ouvert avec Body Shop, reproduisant une scène de garage. « Vous passez un bon moment ? C'est bon d'être de retour à Montréal. Vous savez, hein, que j'ai du sang canadien-français ? », a lancé Madonna.

Elle a ensuite dû insister pour que la foule lui donne de « l'enthousiasme ». Puis, au ukulélé, Madonna a offert sa version épurée et acoustique de True Blue, qui date de 1986, avant de danser sur Deeper and Deeper.

Madonna a gravi un escalier en colimaçon au milieu du parterre, pourchassée par un danseur faisant du parkour. Elle interprétait Love Don't Live Here Anymore, classique de Gregory Mills qu'elle a repris en 1984, avant de s'attarder sur la même époque avec une version tribale de Like a Virgin. Elle s'est alors permis quelques élans chorégraphiques où elle ne faisait pas ses 57 ans.

Le prochain tableau a exploité la thématique de la corrida de sa nouvelle chanson Living For Love. Un prétexte latino parfait pour enchaîner avec La Isla Bonita. Quant au remix de Dress you Up et d'Into The Groove, qui a suivi avec Madonna au coeur d'une sorte de bande de gitans, le verdict est sans appel : échec total.

Ce sont les interludes qui ont été les plus spectaculaires dans le spectacle d'hier soir. Notamment les danseurs sur des perches amovibles pendant Illuminati.

Dans le dernier segment de style boîte de nuit jazz, Madonna a enfilé notamment Music et Material Girl. Madonna a paru trop se trop concentrer sur ses mouvements de danse. Surtout, l'ensemble dégageait de l'ennui.

Plus tôt, Madonna avait fait une version bivouac de Who's That Girl. Pendant sa chanson Rebel Heart, un montage d'images a présenté ses nombreux styles et personnifications au fil des années.

Madonna en rétrospective ? Qui replonge dans le passé pour revendiquer son statut d'icône ? Cela devait arriver un jour.

Le Rebel Heart Tour garde Madonna pleinement dans le coup puisqu'il s'agit toujours d'une tournée à grand déploiement avec une valeur intimiste ajoutée. Mais nous ignorons comment elle a pu arriver à une telle sélection des chansons qui crée des temps morts et laisse souvent insatisfait pendant son spectacle, qui revient ce soir au Centre Bell.