Au moment de mettre en ligne, plus de 8500 femmes (et quelques rares hommes) sont en délire au Centre Bell. Elles élancent leurs bras droits dans les airs à répétition et à l'unisson au son du tube Hangin' Though.

Nostalgie? Pathétisme? «Pathégie», nous a suggéré un lecteur sur Twitter? Un mini-sommet de boys bands avait lieu hier soir au Centre Bell avec le passage de la tournée The Package qui réunit les New Kids On The Block, 98 Degrees et Boyz II Men. Trois groupes des années 1990 qui ont vendu des millions d'albums et fait crier des millions d'adolescentes.

Ces adolescentes sont devenues des adultes. Quelle expérience anthropologique de voir des milliers de femmes de 35 ou 40 ans porter fièrement des t-shirts des New Kids On The Block.

C'était tout aussi étrange de voir des gars de plus de 40 ans chanter, danser sur des chorégraphies et - permettez-nous l'expression - «faire des steppettes» à l'unisson. Chapeau pour l'exécution qui n'a pas pris une ride et qui a toujours l'air aussi facile, par ailleurs.

La prestation de NKOTB avait plus de chien et de testostérone que les deux autres avec un son pop-rock surfant au goût du jour sur de l'électro, du folk, du reggae ou du hip-hop. La mise en scène en mettait plein la vue aux spectateurs avec des lasers, des torches de feu, des pluies de confettis et des jets de fumée.

À plus de 40 ans, Donnie Wahlberg, Jordan Knight, Jonathan Knight, Danny Wood et Joe McIntyre ont encore des abdominaux bien découpés à dévoiler en dessous de leur t-shirt et ils en profitent à coups de bassins suggestifs. Et leurs chansons légèrement «bad boys on the block» ont plutôt bien vieilli (d'un point de vue pop du moins), de The Right Stuff à Step By Step et Cover Girl. NKOTB a aussi fait quelques reprises dans un medley acoustique incluant We Found Love de Rihanna, Faith de George Michael et Hot in Herre de Nelly.

Comme la tournée NKOTBSB (avec les Backstreet Boys), la tournée The Package exploite explicitement la nostalgie des fans avec des groupes nineties pop qui ont toujours ultra-flatté leurs admirateurs dans le sens du poil. Rien à voir avec Axl Rose, qui, à la même époque, faisait un doigt d'honneur à la foule dans un stade olympique en émeute.

98 Degrees et Boyz II Men en première partie

Le groupe 98 Degrees a plutôt connu du succès à la fin des années 1990. Pour vous rafraîchir la mémoire, c'est le quatuor de Nick Lachey, ex-mari de Jessica Simpson (vous avez peut-être souvenir de leur émission de téléréalité Newlyweds). Le quatuor a beaucoup profité de la petite scène secondaire placée au beau milieu du parterre du Centre Bell en touchant les mains des spectatrices aux premières rangées tout en les regardant langoureusement dans les yeux.

«On aime interpréter des chansons d'amour, et le faire avec coeur» a dit à la foule Lachey, en faisant monter quatre spectatrices sur scène pour qu'elles s'assoient chacune sur un banc avec un membre de 98 Degrees. Léger malaise, mais bon.

98 Degrees est un des nombreux boys band dont le succès a connu ses premiers balbutiements au Québec. Quinze ans plus tard, au Centre Bell, ses tubes Una Noche et Because of You ont particulièrement fait vibrer la foule.

La soirée avait commencé avec Boyz II Men. Vêtus de blanc, les trois membres restants du quatuor original ont entonné leurs succès, dont Bended Knees et I'll Make Love, en lançant des roses à la foule. Sirupeux, sentimental et racoleur, mais les cordes vocales des boys étaient à la hauteur.

Conclusion? On pourrait débattre de la limite à exploiter la nostalgie musicale. Non seulement les spectatrices en liesse du Centre Bell en ont eu pour leur argent, hier, elles criaient et dansaient de bonheur devant des musiciens hasbeen, certes, mais généreux, en voix et fort reconnaissants de se faire aduler comme des demis-dieux.

Les deux parties sont consentantes dans l'expérience de The Package: du donnant-donnant où personne n'y perd au change.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse