Plus introspectif et moins pop, le dernier album de Feist n'a pas fait l'unanimité. Samedi soir, au Métropolis, la chanteuse n'a pas donné à ses fans tout cuit dans le bec ce qu'ils auraient voulu entendre, mais c'était un grand rendez-vous où la beauté et l'émotion du catalogue de Feist prédominaient sur son côté pop et sucré.

Le Métropolis - plein à craquer - se prêtait mieux à sa musique intimiste que le Centre Bell, où la chanteuse s'était produite lors de son dernier passage à Montréal, en 2008. Sur son dernier album, Metals, Feist a pris un virage moins accessible, mais magnifiquement profond et inspiré.

Le succès de son deuxième album The Reminder l'a manifestement fait réfléchir, que ce soit en raison de la longue période précédant l'accouchement de Metals, mais aussi car Feist a écarté de son spectacle son tube 1234, qui a fait exploser son succès après avoir été mis en vedette dans une publicité d'Apple.

Leslie Feist est arrivée sur scène un peu après 21h30 avec ses musiciens (Brian LeBarton, Paul Taylor et Charles Spearin) et les trois choristes de la formation vocale américaine Mountain Man.

Derrière eux, un écran projetait un dessin abstrait de roches et de cristaux en noir et blanc.

Le public a deviné les notes d'Undiscovered First, pièce à l'image de plusieurs autres titres de son nouvel album, où Feist semble vouloir retourner à ses racines avec des sons et rythmes organiques et cérémoniaux, qui évoquent des sonorités amérindiennes et de grands espaces. Elle a poursuivi avec How Come You Never Go There, premier extrait de Metals, puis avec A Commotion et la superbe ballade Graveyard.

Feist était très en voix, elle qui est capable de chanter à la fois en douceur, en soupir et en puissance. En unisson avec les trois voix des filles de Mountain Man, c'était souvent à donner des frissons. Notamment pendant Mushaboom, revisitée avec des semblants de chants de gorge.

Certains spectateurs semblaient toutefois en reste, eux qui voulaient entendre une interprétation se rapprochant davantage des versions originales des succès de Feist. Même My Moon My Man a eu droit à une version plus lourde et électrique avec des jeux de voix très rythmés.

Et si Feist a chanté I Feel It All et Let It Die, elle a mis de côté Gatekeeper ou sa reprise d'Inside And Out, des succès de son premier disque. Disons que ce n'était pas un spectacle pour danser. Mais c'était compensé par de grands moment de douceur et de beauté, notamment pendant I'm Sorry et The Circle Married The Line. À propos de cette dernières, Feist a expliqué que Kevin Drew de Broken Social Scene avait dû la convaincre de l'ajouter à son troisième disque.

Pour ce qui est de la famille indie-rock canadienne, Feist a également fait monter sur scène Evan Cranley du groupe montréalais Stars, tout en souhaitant bonne fête à la femme de ce dernier, la chanteuse Amy Millan.

Samedi soir, on sentait que Feist a ressenti le besoin de revenir à l'essence de son art et à sa famille de musiciens, après le succès de The Reminder. N'en déplaise à son plus grand public, elle est fondamentalement plus artsy que pop. Mais elle demeure avant tout une grande artiste talentueuse, inspirée et inspirante.