Seconde et moins considérable formation symphonique de McGill, la Sinfonietta de 60 musiciens est, comme le grand orchestre qui en réunit 100, dirigée par l'infatigable Alexis Hauser. La Sinfonietta présente ce week-end (vendredi soir et samedi soir) un programme comprenant une symphonie et deux concertos. Hauser dirige le programme entier de mémoire - y compris les deux concertos, ce qui ne se fait à peu près jamais.

La symphonie est placée au centre, avant l'entracte. C'est l'une des dernières de Haydn, la 101, surnommée L'Horloge -- Die Uhr en allemand -- en raison du tic-toc que répètent bassons en staccato et cordes en pizzicato au début du mouvement lent.

L'exécution est décevante: survoltée, d'un volume sonore trop gros pour les dimensions de la salle, et dépourvue d'élégance, avec un finale en désordre parce que pris trop vite pour les moyens du jeune orchestre. Le résultat est d'autant plus fastidieux que Hauser fait toutes les reprises sans exception.

Le début du concert est confié à un nouveau venu: Baptiste Rodrigues, violoniste de 24 ans, originaire de France, élève de Denise Lupien à McGill et gagnant du Concours de concerto 2011 de la maison. Il a choisi le K. 219 de Mozart, surnommé Concerto turc en raison de la brève turquerie glissée au finale.

M. Rodrigues montre toutes les qualités d'un vrai violoniste, depuis l'autorité avec laquelle il tient son instrument jusqu'à la vigueur rythmique qui conduit son archet. Manifestement nerveux, il produit un son un peu dur et connaît de légers problèmes de justesse dans les deux mouvements rapides. En revanche, l'Adagio central découvre une sonorité plus pure et une intonation irréprochable. Le soliste joue plusieurs cadences, longues et brèves, dont aucune n'est identifiée.

L'après-entracte est réservé à un professeur: la violoncelliste Elizabeth Dolin, qui enseigne à McGill et au Conservatoire, soliste du Concerto op. 129 de Schumann. Vendredi soir, cette deuxième moitié du programme s'est plutôt ouverte par une séance de travail, les musiciens accordant leurs instruments durant ce qui a semblé une éternité. Que s'est-il passé? On l'a appris après le concert: un premier-pupitre avait disparu et il fallut continuer sans lui.

Sans doute indisposée par l'agitation qui régnait à l'arrière-scène, et avec en mains un concerto très difficile à faire passer, où de grands violoncellistes ont d'ailleurs échoué, la soliste a livré une exécution qu'il faut bien qualifier de laborieuse. Je n'en retiens qu'un élément: le grave, exceptionnellement sonore et juste. Elle a remplacé la cadence habituelle par celle de Gregor Piatigorsky.

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McGILL SINFONIETTA.

Chef d'orchestre: Alexis Hauser.

Solistes: Baptiste Rodrigues, violoniste, et Elizabeth Dolin, violoncelliste.

Vendredi soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Reprise samedi soir, 19 h 30.

Programme :

> Concerto pour violon et orchestre no 5, en la majeur, K. 219 (Turc) (1775) - Mozart

> Symphonie no 101, en ré majeur, Hob. I : 101 (L'Horloge) (1794) - Haydn

> Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, op. 129 (1850) - Schumann