L'automne faisait un pas de plus en avant hier soir, pendant qu'à l'intérieur du Métropolis régnait toujours une ambiance d'été et d'insouciance. Les gens de la foule souriaient, le coeur léger, au son des chansons de Vampire Weekend qui se produisait à guichets fermés. On se serait presque cru à la plage.

Les membres du quatuor new-yorkais sont arrivés sur scène avec leur look de jeune étudiant, comme s'ils étaient encore à l'Université de Columbia, où ils ont fait connaissance. Ezra Koenig, Chris Baio, Rostam Batmanglij et Chris Tomson ont démarré en lion avec Holiday, suivi de White Sky et Cape Cod Kwassa Kwassa.

Tel que le claviériste Rostam Batmanglij l'avait signalé à La Presse en entrevue : Vampire Weekend a interprété presque toutes les chansons de son premier album éponyme, sorti au début de 2008, et de son deuxième, Contra, paru en janvier dernier. Vampire Weekend s'est aussi permis une reprise de I'm Goin' Down de Bruce Springsteen (plutôt facultative au spectacle, sans que cela en soit un irritant).

Vampire Weekend fait du indie-rock «hop la vie», souvent enrobé d'arrangements world et africains. En ce qui nous concerne, les chansons davantage électroniques et émotives (Run, Giving Up the Gun) sont plus solides sur disque que celles avec une touche de ska (Cousins, California English).

Mais en spectacle, c'est une autre histoire. Ce répertoire varié permet à Vampire Weekend d'offrir un spectacle aux ambiances multiples. Hier soir, M79 était un moment fort du début du spectacle avec ses arrangements rythmés de cordes qui font très «Versailles» (sur laquelle des lustres montaient et descendaient du plafond). Les titres très dansants comme A-Punk venaient tonifier la foule, alors que des pièces comme Taxi Cab et I Think Ur A Contra permettaient de ralentir la cadence.

Vampire Weekend est même un groupe dont les chansons se prennent mieux live. À la maison, elles sont plus ambiantes que prenantes, mais en spectacle, c'est une bulle contagieuse de bonne humeur. Impossible de ne pas se dandiner et de profiter du moment présent sur la mélodie insouciante d'Oxford Comma, sur les sonorités africaines de Horchata, ou sur le piano impétueux de Walcott, avec laquelle Vampire Weekend a clos son spectacle hier soir.

Il n'en résulte pas un spectacle de mosh-pit ou l'où on danse le poing en l'air, mais un spectacle de type beach party où l'on est tout simplement content d'être là.

Vampire Weekend fait partie de ses groupes indépendants qui ont un succès commercial. Le groupe a fait une chanson pour la trame sonore de Twilight (qu'il a mise de côté hier soir), Contra a été l'album le plus vendu aux États-Unis à sa première semaine de sortie. Même que l' «ex-jeune mannequin» aux cheveux blonds qui figure sur la pochette -une vieille publicité de Polo datant de 1983- poursuit le groupe pour deux millions de dollars. C'est la rançon de la gloire, mais hier soir, le quatuor a prouvé que cette «gloire» était bien méritée.

Beach House

Quelques mots aussi sur Beach House, qui précédait Vampire Weekend sur la scène du Métropolis. Le duo, dont le rock sombre et rêveur n'a rien à voir avec le rock ensoleillé de Vampire Weekend, a été sur scène à la hauteur de sa magnifique musique.

La claviériste et chanteuse -à la voix magnifique- Victoria Legrand, et le guitariste Alex Scally, qui étaient accompagnés de deux autres musiciens, ont interprété plusieurs chansons de leur dernier album, Teen Deam, paru chez Sub Pop, dont Zebra, Silver Soul et Norway.

Beach House a bercé la foule avec sa musique d'une douceur ténébreuse, mais il fallait un niveau de concentration beaucoup plus élevé qu'avec Vampire Weekend pour apprécier. Disons que ce ne sont pas les têtes d'affiches qui vont le plus de pair.

Pour ceux qui avaient manqué le passage de Beach House à la Sala Rossa en mars dernier ou à Osheaga, c'était tout de même une belle chance de pouvoir se rattraper au Métropolis.