Bon Jovi fait le plein de fans au Centre Bell ce soir encore, après avoir convié ses fans à un premier concert hier soir. Jon et ses acolytes ont galvanisé la foule, servis par d'impressionnants dispositifs scénographiques et un catalogue de vieux hits qui n'ont pas manqué de réveiller des souvenirs chez les trentenaires et quarantenaires s'étant déplacés.

Le nombre fascine: ils étaient 20 074 fans hier soir venus applaudir Bon Jovi, le seront probablement aussi ce soir. C'est environ 7000 billets vendus de plus que lors d'un concert typique - le Centre Bell, un soir de match de hockey, peut contenir un peu plus de 23 000 spectateurs.

Une véritable communion de foule, qui nous permet d'avancer que Bon Jovi détient le record d'achalandage pour un concert dans l'aréna du Canadien cette année. Ce serait un euphémisme que d'ajouter que le groupe compte encore pas mal de fans au Québec...

Grâce à une scène dégagée derrière les musiciens, et à l'aide d'un système de son d'appoint attaché au plafond du Centre, les héros survivants de l'ère hard rock commercial ont rempli les gradins jusqu'en haut, dans les bleus. On semblait s'amuser ferme même au sommet, signe que ces Living on a Prayer, It's My Life et Bad Medicine, pour ne nommer qu'elles, n'ont rien perdu de leur pouvoir d'attraction.

Pendant presque toute la soirée, les fans chantaient en choeur les succès du groupe. « Sounds like church music to me! », a lâché Jon Bon Jovi après It's My Life, en milieu de spectacle, laissant la foule terminer seule la chanson. C'était tout comme, effectivement: la grand-messe rock bon enfant, rassembleuse et généreuse, plus de deux heures de rock gentil et franchement bien envoyé. Au bout de ces 26 chansons, le peuple était à genoux.

Le groupe a ouvert la cérémonie avec Blood on Blood (de l'album New Jersey, 1988), puis avec une nouvelle, We Weren't Born to Follow (de The Circle, 2009), pour ensuite mettre le feu aux poudres avec You Give Love a Bad Name, du classique du groupe, Slippery When Wet (1986).

Les deux stars du groupe, le guitariste Richie Sambora (portant un veston argenté et une gros pendentif tout aussi rutilant) et le leader Jon Bon Jovi (sa chemise déboutonnée, bien sûr!), étaient en pleine forme, même si on a craint que le chanteur finisse par manquer de souffle en première partie du spectacle - probablement juste un problème de sonorisation.

Répartis sur une scène de forme ovale, les musiciens avaient le public comme décor principal, une belle image compte tenu de l'engouement qu'on leur porte encore aujourd'hui. Eux, au milieu, nous tous les entourant. Les abondants éléments de décor n'ont jamais froissé cette jolie impression.

Or, au rayon de la quincaillerie de gros show rock, Bon Jovi était plutôt bien servi. Un système d'éclairage riche et bien pensé. Une dizaine de panneaux/écrans LED mobiles qui se déplaçaient au dessus des têtes des musiciens, formant tantôt un seul gros écran, tantôt plusieurs panneaux dirigés sur les côtés. Une petite muraille lumineuse derrière les musiciens, au ras de la scène. Et des écrans mus par des bras robotiques qui devenaient, pendant Superman Tonight (une autre nouvelle chanson), un escalier, puis une passerelle, sur laquelle déambulait le chanteur. La Cadillac du concert rock, égal à ce que peut faire U2 dans le même espace.

Après les fleurs, le pot. C'est bien beau avoir la fine pointe de la technologie scénographique, si c'est pour nous passer des images de routes qui défilent pendant deux chansons, ou encore des danseuses lascives pendant une interminable version de Bad Medicine, c'est décevant.

Puis, la liste des chansons n'était pas sans faille. Bon Jovi a joué beaucoup de ses compositions, mais cinq chansons d'un nouvel album, The Circle, loin d'être mémorable, c'est trop. Sûr, Slippery When Wet et New Jersey ont été bien représentés - Born to be my Baby, Homebound Train chantée par Richie Sambora, I'll be There For You, et au rappel Wanted Dead or Alive et Livin' on a Prayer -, mais les nouvelles ont injustement fait asseoir les fans.

Bon Jovi, c'est le bon vieux rock mélodique, les refrains qui ne s'oublient plus après la première écoute, et le groupe aurait certainement mieux fait d'en déterrer d'autres que de nous remplir les oreilles avec les plus fraîches (mais déjà défraîchies). Et que dire de cette dégoulinante version de Halleluia, chantée version piano-voix, avec Jon sur la passerelle, sinon qu'il est temps qu'on décrète un moratoire sur toute nouvelle reprise de Leonard Cohen?

Pour les fans, cependant, ces ombres au tableau ne sont que broutilles. Plusieurs sont ressortis du Centre Bell avec une extinction de voix. À juste titre, faut-il dire.