Liz Harris a troqué cette fois le pseudo Grouper pour Nivhek, question de mettre au monde deux pièces réparties en deux mouvements lents et longs; After Its Own Death et Walking in a Spiral Towards the House durent respectivement 37 minutes 55 secondes et 21 minutes 5 secondes.

Ces oeuvres résultent de deux séjours aux Açores, au Portugal, et dans l'Arctique russe où l'Américaine en a retravaillé une matière première préalablement modelée à son domicile d'Astoria, en Oregon.

Des écoutes successives inspirent les qualificatifs suivants: céleste, inquiétant, insolite, étrange, fantastique, hypnotique, onirique, funéraire, sépulcral, méditatif...

Plus concrètement, ces oeuvres sont assorties de pistes vocales en surimpression, mellotron, guitares, pédales d'effets, gamelan javanais et autres bidules.

Avec leurs chants inspirés de la période médiévale, leurs sédiments électroacoustiques ou bruitistes, leurs guitares éparses, basses fréquences synthétiques, drones et autres effets de réverbération, ces oeuvres n'ont pas pour objet de conduire à l'extase.

Il s'agit plutôt d'atteindre des états de pleine conscience, zones de transition où le positif côtoie forcément le négatif. La principale intéressée résume ainsi son travail: «un requiem, un rituel pour déverrouiller et libérer des sentiments... concentré sombre et toxique de quelque chose bouillonnant au-dessous...»

À l'évidence, Liz Harris ne rigole pas.

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Électro. After Its Own Death/Walking in a Spiral Towards the House. Nivhek. Yellowelectric.