Sous les arbres d'Osheaga en 2016, les Montréalais ayant assisté à sa prestation-choc de 40 minutes avaient pris toute une claque.

De ce côté-ci de l'Atlantique, «Simbi» Abisola Abiola Ajikawo était une inconnue sous son vrai nom comme sous celui du pseudo Little Simz.

De toute évidence, on avait saisi qu'elle était promise à un avenir brillant, en voici la preuve plus qu'éloquente avec Grey Area.

Fille d'immigrés nigérians, la rappeuse de 25 ans signe ici son troisième album, et il se trouvera fort probablement au sommet des listes de 2019. Prédisons du coup la notoriété mondiale pour la jeune Afro-Britannique, dont le phrasé est sans conteste l'un des plus éloquents du rap anglo-européen.

La production de ce superbe enregistrement est mâtinée de soul/R&B (vieille école) et de jazz, orchestrée (sauf exception) par le très doué Inflo - ce dernier a aussi réalisé le fameux opus de Michael Kiwanuka, qui fait d'ailleurs une apparition remarquée sur Grey Area.

Le choix d'un seul réalisateur et compositeur est ici tout à fait justifié, et laisse espérer une tournée de Little Simz avec musiciens, comme ce fut le cas récemment de ses collègues américains Noname et The Internet.

Les 10 titres au programme transpirent l'opiniâtreté, la confiance en soi et, paradoxalement, la vulnérabilité. Il y est question d'éducation, de relations intimes, de vertiges professionnels et artistiques, de santé mentale, de courage, d'indépendance d'esprit. Ainsi s'exprime LA voix féminine du rap londonien.

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Hip-hop. Grey Area. Little Simz. Age 101.