Le chanteur et musicien texan Gary Clark Jr. quitte résolument les rangs du blues rock obéissant avec son cinquième album, This Land, florilège de pamphlets passionnés et politiques.

Qu'elle soit saturée, toute-puissante ou claudicante, la guitare électrique soude les 17 pièces et leur confère une énergie et une amplitude viscérales. Un autre instrument qu'exploite Clark Jr. est cette voix de fausset à l'émotion brute, au service de sonorités R&B, jazz, rock, funk, rock, hip-hop et même reggae (Feelin' Like a Million), avec toujours en trame de fond ce spleen, cette sensualité et ces cuivres fiévreux chers au blues.

Les textes cinglants, ancrés dans l'Amérique divisée de Donald Trump, s'élèvent parmi ce vaste bagage musical. Quelques fois, le chanteur noir s'adresse à un fermier, Steph Williams, partisan lambda du milliardaire à la casquette rouge. « Fuck you, I'm America's son / This is where I come from », peste-t-il sur la puissante pièce-titre.

En perpétuant l'héritage afro-américain, sans renier la modernité - saluons le riche travail en studio -, le bluesman revendique le territoire et le droit d'exister. Tout le disque est à l'avenant : métissé, rageur, nécessaire.

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Blues rock. This Land, de Gary Clark Jr. Warner Bros.