Il y a beaucoup de liberté qui émane de ce troisième album de David Marin. L'auteur-compositeur-interprète s'est inspiré de ses voyages des dernières années et ça se sent. Dans les petites permissions qu'il prend avec la langue, dans sa musique qui respire, dans la construction de ses chansons qui ne sont pas prises dans des structures rigides.

Un refrain? Pas besoin - ou pas souvent. Et si oui, on change les paroles d'une fois à l'autre de toute façon. Hélas Vegas est saturé de guitares - celles de Marin, de Guillaume Bourque, du réalisateur de l'album Pierre Fortin et d'Olivier Langevin - et de basse (Marc-André Landry) et soutenu par les claviers de François Lafontaine sur la moitié des 12 chansons.

Cette superposition évoque parfaitement les grands espaces du territoire américain, alors que les textes parlent plus d'un homme à la dérive, ou en tout cas qui se cherche.

Malgré une écriture aérienne et légère, c'est le mal de vivre qui domine, décrit sans faux semblants. «Le long, le large, le clair, le flou / J'attends un orage à boire debout / Que l'eau lave l'air lourd», chante-t-il par exemple dans L'air lourd.

S'il y a des chansons plus drôles et une certaine autodérision et qu'un peu de lumière finit par éclore, sa voix rauque nous emmène surtout sur des terrains sombres.

Le résultat manque un peu d'aspérité, pourtant il se dégage de tout cela une beauté trouble qui fait son chemin.

* * * 1/2

CHANSON. Hélas Vegas. David Marin. Simone Records.