Début 2016, le Californien Anderson.Paak a fait boum. Mixtion absolument explosive de G-Funk, soul/R & B, hip-hop et jazz, la matière de l'opus Malibu (qui faisait suite à celle de Venice, rendue publique en 2014) fut balancée sur scène par un performeur de très haut niveau, soit un chanteur habité, rappeur fluide, excellent batteur, band d'enfer, répertoire archivitaminé, ceci incluant certaines pièces sous la bannière NxWorries effectuées avec le beatmaker Knxledge.

Oxnard

Anderson.Paak

Aftermath

Trois étoiles et demie

On a vu Anderson.Paak trois fois à Montréal, la première au Fairmount demeure une pièce d'anthologie. En somme, le métis afro-coréen fut LA grande révélation groove des dernières années. Puisqu'il a surfé sur ce qu'il a essentiellement conçu en 2014 et 2015, vivement ce nouveau chapitre. Ayant pris acte de son talent exceptionnel, il était permis de souhaiter un autre album d'exception. Oxnard, nommé ainsi pour rappeler la municipalité du grand Los Angeles d'où provient le principal intéressé, n'est pas exactement un album d'exception. Parlons plutôt d'un excellent album de musique, quelque peu affaibli par son propos.

Tout ce qui est ici proposé est de grande qualité, bien qu'on n'y observe aucun changement conceptuel important, sauf quelques minces évocations de musique africaine ou anglo-caribéenne. Qui plus est, l'énorme pouvoir attractif de Kendrick Lamar permet ici les apparitions de super pointures : Dr. Dre (son appui principal), Kendrick Lamar, Pusha T, Snoop Dog, J Cole, Q Tip, pointures auxquelles s'ajoutent moult figures éloquentes, telles Norelle, Kadhja Bonet, Cocoa Sarai, The Last Artful, Dodgr, BJ The Chicago Kid. Chacun et chacune nourrit cette production d'envergure.

De manière générale, le super groove d'Oxnard porte un propos aigre-doux, sentiments partagés entre hédonisme californien et violence épidermique. À l'évidence, Anderson.Paak n'est pas un parolier de haute tenue. Son propos est parfois confus, flou... un tantinet prétentieux.

Par exemple, on ne sait pas exactement où il veut en venir avec ses propos sur Trump qui aurait ici une progéniture fictive et homosexuelle. On ne sait trop ce que signifie cet accident de voiture mis en scène avec une fille qui s'échappe de la voiture endommagée. On ne pige pas exactement ses évocations de violence armée. On sait toutefois où il veut en venir lorsqu'il parle directement de sexe ou de consommation d'herbes folles.

Bref, le propos d'Anderson.Paak aurait dû être révisé et mieux arrimé avec celui de ses invités prestigieux. Super musique, propos moins super...