Les Premières Nations peuvent compter sur un vaste bassin de chants traditionnels dans lequel puise Jeremy Dutcher, issu de la nation Wolastoqiyik, dite de la «belle rivière», implantée depuis des temps immémoriaux dans la vallée du fleuve Saint-Jean et ses affluents, principalement au Nouveau-Brunswick, mais aussi dans les zones limitrophes du Maine et du Québec.

Les Blancs francophones nomment Malécites les Wolastoqs, qui parlent une langue algonquienne à préserver malgré son déclin dramatique au cours de la colonisation.

Dutcher est musicalement éduqué: ténor de formation, cet excellent chanteur est aussi musicologue. Fort de ce bagage, il a entrepris de créer des oeuvres composites: les matériaux sont les musiques traditionnelles de sa nation, mais aussi les musiques classiques tonales et consonantes imaginées sous forme de musiques de chambre post-minimalistes, parfois assorties d'ornements atonaux, mais aussi de pop actuelle assortie d'instruments électriques ou encore de production électronique.

Inspiré par des enregistrements d'archives dont il insère les fragments à titre de témoins historiques, cet artiste doué lance sa culture ancestrale sur la voie de l'émancipation culturelle, au présent de l'indicatif.

Fort possiblement la plus importante contribution musicale des Premières Nations cette année.

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WORLD 2.0. Wolastoqiyik Lintuwakonawa. Jeremy Dutcher. Fontana North.