Entre 2006 et 2017, Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain ont mené leur plus ambitieux et plus important projet discographique : l'enregistrement des symphonies no 1 à 9 de l'Autrichien Anton Bruckner (1824-1896), composées de 1865 jusqu'à l'année de sa mort - cela excluant trois autres symphonies sans numéro, nettement moins maîtrisées, pour ne pas dire rejetées par leur créateur.

Mystique assumé, catholique fervent, il était aussi traversé par le romantisme dominant de son époque, ce qui produisait chez lui un amalgame singulier entre grande musique sacrée et grande musique profane de son temps. Reconnu au terme d'une existence difficile et modeste, Bruckner fut l'un des plus accomplis perfectionnistes de l'art musical germanique au XIXe siècle.

Depuis l'aube de la modernité, sa musique symphonique est prisée par tous les grands orchestres et les plus éminents maestros - Furtwängler, Walter, Schuricht, Kabasta, Karajan, Rojdestvenski, Abbado, Barenboïm, Jansons, on en passe... Tant de chefs historiques ont dirigé les exécutions et enregistrements de ces symphonies de Bruckner. On comprendra que notre Yannick Nézet-Séguin, qui l'a fait maintes fois en tant que chef invité ou directeur artistique, ambitionnait de parcourir tout le cycle brucknérien avec l'orchestre montréalais qu'il dirige depuis l'an 2000.

Onze années ont passé, voilà que ces neuf chefs-d'oeuvre sont réunis dans un même coffret chez Atma, illustrant le progrès de la relation entre Yannick Nézet-Séguin et l'OM. Évidemment, la manière de diriger et les exécutions de l'orchestre se sont transformées au fil du temps ; ainsi, les symphonies 7, 8 et 9 ne seraient certainement plus les mêmes aujourd'hui qu'elles le furent à l'époque où elles furent enregistrées.

Seraient-elles meilleures ? Il y a lieu de le croire, mais il faut une connaissance profonde, très pointue et, peut-être, être en proie à quelques crispations pour s'enliser dans de telles considérations. Ne vaut-il pas mieux recevoir ces exécutions comme des documents illustrant fidèlement la période de leur enregistrement, c'est-à-dire là où en étaient l'OM et YNS ?

Plus précisément, les symphonies 7, 8 et 9 avaient été enregistrées à l'église Saint-Nom-de-Jésus, de 2006 à 2009 ; la no 4 à l'église Saint-Ferdinand de Laval en 2011 ; toutes les autres - 1, 2, 3, 5 et 6 - l'ont été ensuite de 2012 à 2017 à la Maison symphonique, dont les qualités acoustiques l'emportent clairement sur celles des temples catholiques précédemment sélectionnés. Soulignons en outre que les symphonies 1 et 5 sont des enregistrements inédits que suggère ce coffret.

Réalisées et éditées par Johanne Goyette, qui mène les destinées d'Atma Classique, les prises de son furent effectuées par les très compétents Carlos Prieto, Carl Talbot, François Goupil et Anne-Marie Sylvestre. Sauf de légers détails, le mélomane averti appréciera certainement ce travail important, à la fois signature et témoin d'un parcours magistral pour l'OM et son chef qui n'ont cessé de s'élever depuis les débuts de leur relation.

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Romantique

Yannick Nézet-Séguin, Orchestre Métropolitain de Montréal

Bruckner, les 9 symphonies

Atma Classique

Coffret 10 CD

Image fournie par Atma Classique

Bruckner, les 9 symphonies, de l'Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin