On ne peut évaluer l'oeuvre de ce respectable septuagénaire à l'écoute d'un seul de ses nombreux albums, tellement il est prolifique, mais... La récente mise en ligne des archives publiques de Neil Young en témoigne, ce continuum créatif s'incarne cette fois dans un 39e album solo avec pour soutien Promise of the Real, groupe composé entre autres des fils de Willy Nelson, Lukas et Micah - et enclin au folk, au rock, au blues, au country, au funk, au honky tonk ou même au tex-mex.

Voilà le pamphlet d'un vieux hippie de gauche, redevenu vindicatif face au contexte actuel dominé par le conservatisme, mais aussi empathique et engagé pour la suite des choses.

Si ces bardes et leur mythique employeur avaient peaufiné davantage ce répertoire, arrangements, choeurs, prises de son et mixage, les férus d'americana auraient porté aux nues The Visitor.

Or, plusieurs resteront sur leur appétit devant l'oeuvre inachevée, apparente maquette malgré sa richesse. The Visitor s'avère néanmoins une sculpture inspirée de l'Amérique du Nord - États-Unis et Canada.

On en ressent la beauté décadente, la grandeur abjecte, on en déplore les rêves brisés, on appelle à reprendre le collier, à transformer la dystopie en utopie. Invitons quiconque à repasser maintes fois sur ce brouillon, car papy Neil y chante juste et bien, posté dans d'épais buissons, hautement inflammables, prêt à lancer l'assaut.

***1/2

FOLK ROCK/AMERICANA, The Visitor, Neil Young + Promise of the Real, Reprise