Émile Proulx-Cloutier a tous les talents: excellent acteur, il est aussi un parolier de très bon niveau, sa voix porte en toute justesse, ses capacités en musique sont bien réelles.

Dans un registre poético-réaliste, il sait dépeindre le «trop-plein» de notre époque, déferlement d'informations ressenties, scènes de vie déroutantes, bouleversantes, souvent difficiles à décoder.

Avec Marée haute, Proulx-Cloutier fait monter le niveau musical, s'adjoignant Guido Del Fabbro afin d'étoffer tous les angles de la composition, de l'arrangement et de la réalisation. Voilà une proposition supérieure à ce qu'on lui connaissait jusqu'alors, mais...

On a beau constater l'effort d'actualisation, absorber le flow un tantinet empesé d'un rap (Les Murs et la Mer), goûter plusieurs compléments orchestraux, ressentir le rythme qui se muscle, prendre acte de cette version innue de Mommy, Daddy (sur le génocide culturel) et...

Peut-être en route vers le présent, Émile Proulx-Cloutier se trouve encore dans un passé de la chanson francophone d'Amérique. Consciemment ou non, il ne se dégage pas de la génération antérieure à la sienne.

On imagine déjà la réplique: rattraper le présent sonore, est-ce une obligation? Chaque artiste ne choisit-il pas aujourd'hui de mettre en lumière la ou les époques qu'il préfère? Peut-être bien...

* * * 1/2

CHANSON. Marée haute. Émile Proulx-Cloutier. La Tribu.