Ce premier album rock en 25 ans de Roger Waters est plus floydien que tout ce qu'il a fait depuis qu'il a quitté Pink Floyd. C'est en se réappropriant The Wall en tournée que le bassiste et idéateur du groupe britannique a retrouvé l'inspiration qui lui a permis d'écrire de nouvelles chansons, dont, en tout premier lieu, Déjà Vu, qui donne le ton à cet album.

Les fans de Pink Floyd vont beaucoup aimer. Ils vont y retrouver des échantillonnages de voix et de bruits associés au quotidien ainsi que les nappes de claviers dans lesquelles ont souvent baigné les chansons du groupe mythique, dont l'effet orchestral à l'occasion est amplifié par des cordes. La différence toutefois, et elle n'est pas mineure, c'est l'absence de la guitare lyrique que David Gilmour apportait au Floyd et qui ne se retrouve ici que sur la plus floydienne des chansons de l'album, Smell The Roses.

Sinon, on reconnaîtra facilement dans Is This The Life We Really Want? le parolier qui essaie à sa manière de réinventer la protest song pour le XXIe siècle. Waters y dénonce l'apathie des masses, le capitalisme sauvage, la guerre et s'en prend évidemment à Donald Trump dont on entend la voix en introduction de la chanson qui donne son titre à l'album. Ce n'est pas toujours très subtil - la chanson Broken Bones, plutôt réussie par ailleurs, donne dans le prêchi-prêcha -, mais les textes de Waters sont généralement bien torchés. Surtout, l'artiste qui ne s'est jamais pris pour la moitié d'une mandarine donne l'impression qu'il est désormais capable d'autocritique, voire d'humilité.

En faisant le choix, avec le réalisateur Nigel Godrich, de revisiter son passé, Roger Waters aurait pu s'enliser dans la redondance et la nostalgie. Au contraire, il accouche ici d'un album costaud qui lui ressemble vraiment.

* * * 1/2

Rock. Is This The Life We Really Want? Roger Waters. Columbia/Sony Music.