On aurait pu craindre la redite indie, appréhender l'amorce d'un fondu de sortie définitive, mais non. Les tergiversations de Leslie Feist, incertaine de poursuivre l'aventure, trouvent ici un dénouement heureux.

Ces 11 chansons neuves ont été réduites à des expressions apparemment simples, crues, viscérales, hautement créatives. On y emprunte ces pistes de voix, guitares, batterie et claviers autour desquels on a fait circuler des brumes magnifiques.

Tout ça, en fait, révèle plus de complexité conceptuelle qu'on ne le croyait d'entrée de jeu: prises de son sur le terrain, surimpressions vocales, diversité dans les effets de saturation, claviers, vents, choeurs atypiques... Jamais trop, toujours assez.

La chanteuse a dépouillé l'édifice de ses couches surannées, elle en a décoré la charpente. Autothérapeutique, l'écriture de Feist aborde les questions posées par tant d'humains en milieu de vie: longévité du corps, vivacité de l'esprit, alimentation de la flamme relationnelle, essoufflement de l'inspiration, étrange dialectique des sexes et d'autres questions sans réponses.

La Canadienne bosse ici avec de fidèles réalisateurs, auteurs, compositeurs et musiciens chevronnés, qui l'ont aidée à retrouver sa confiance en ses moyens: surtout Mocky et Renaud LeTang, mais aussi Jarvis Cocker, Brian LeBarton, Chilly Gonzales, Paul Taylor, Colin Stetson, etc.

Franchement, on ne s'attendait pas à tant avec si peu.

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INDIE POP. Pleasure. Feist. Universal. 4 étoiles.