Sur son troisième album, Father John Misty, alter ego du chanteur Josh Tillman, passe aux choses sérieuses.

Fini le dandy roucoulant. Il y a urgence. La société américaine est malade et les problèmes sont nombreux : politiciens corrompus - en premier lieu le président -, changements climatiques, explosion des « fake news », abrutissement social, pornographie, voyeurisme - merci aux médias sociaux -, perte de la foi.

Sur Pure Comedy, Father John Misty observe et, surtout, déplore les travers de ses semblables. Il dessine le portrait d'une société sur le point d'imploser. Comme toujours, sa dictée est teintée d'une ironie désabusée et d'un sarcasme évident, mais cette fois, on perçoit le désir brûlant de l'artiste d'éveiller les consciences avant qu'il ne soit trop tard.

Le sérieux des mots repousse donc la musique à l'arrière-plan, alors qu'à la réalisation, Jonathan Wilson (Bonnie « Prince » Billy, Conors Oberst) fait un travail de dépouillement majeur. Les habituelles grandes chevauchées instrumentales, quoiqu'encore présentes, se font plus rares. Le piano et la guitare ont une place de choix dans la construction musicale. Y sont ajoutés à l'occasion un saxophone crémeux, des violons mineurs, une batterie en appui, une basse discrète, quelques éléments électriques et des claviers vaporeux.

L'ensemble est placé au service des textes d'un artiste qui gagne sa place sur la liste des auteurs-compositeurs importants de la pop-rock américaine.

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ROCK-POP AMÉRICAINE

Pure Comedy

Father John Misty

Subpop Records