D'abord, il y a eu Shadows In the Night en 2015, puis Fallen Angels l'an dernier, deux albums dans lesquels Bob Dylan se faisait plaisir en interprétant des chansons immortelles et d'autres, moins connues, du « Great American Songbook ». De la petite bière en comparaison avec Triplicate qu'il nous propose aujourd'hui : pas moins de 30 chansons d'une autre époque réparties sur 3 disques.

Au moment où Dylan reçoit le prix Nobel pour la qualité et la pertinence de son oeuvre, l'artiste s'entête à chanter des standards, lui qui a vu un nombre incalculable d'interprètes s'attaquer à ses propres chansons au fil des ans. On l'a dit, on le répète, Dylan le chanteur donne l'impression de s'appliquer davantage quand il se met en bouche ces standards qui le fascinent. Oui, sa voix nasillarde craque à l'occasion et il lui arrive même de fausser, mais moins souvent qu'on l'aurait craint. Dylan a toujours été un chanteur atypique et, malgré ses limites, il chante ici sans filet, injectant dans ces chansons d'amour une dose de vérité et une émotion à laquelle parviennent trop peu de crooners d'aujourd'hui qui en font une interprétation trop lisse. Ses musiciens se mettent eux aussi au service de ces chansons et l'ajout de cuivres sur environ le tiers des pièces fait de Triplicate un album encore plus fidèle aux versions d'origine que les deux précédents. 

Dans la récente interview-fleuve qu'il a accordée au journaliste Bill Flanagan, Dylan s'est défendu de verser dans la nostalgie, réaffirmant plutôt la pertinence de ces bijoux de chansons. On espère tout de même qu'il en a fait le tour et qu'il se remettra bientôt à l'écriture de chansons qui, comme celles qu'il a pondues pour ses derniers albums, seront à la hauteur de son immense répertoire.

***1/2

Triplicate

Bob Dylan

Columbia/Sony Music

photo KEVIN WINTER, archives agence france-presse

Bob Dylan se fait plaisir en interprétant des chansons immortelles et d'autres, moins connues, du « Great American Songbook » sur Triplicate.