Jermaine Lamarr Cole séduit les connaisseurs de hip-hop depuis déjà près de 10 ans. Il est sorti de sa niche originelle avec son troisième album, 2014 Forest Hill Drive.

Pour le suivant qui paraît deux ans plus tard, il s'est entouré de beatmakers américains (Cardiak, Vinylz, Ron Gilmore, Elite, etc.) et canadiens (Frank Dukes, Boi-1da) qui l'ont mené à la confection de chansons plus étoffées musicalement.

Lignes de jazz, de tango moderne, de musique de chambre, de trap et d'électro sinuent sur les surfaces d'une création hétérogène, mais pas au point d'en désamorcer les fondements hip-hop et R & B.

Quelques écoutes suffisent pour convenir que ce 4 Your Eyez Only est un album cohérent et inspiré, même si peu spectaculaire d'entrée de jeu. Déclamés ou chantés, les textes de J. Cole croisent entre le propos autobiographique et l'éclairage personnel sur la conjoncture générale: on y traite de testostérone avec un sens critique consommé, on y assume romantisme et vulnérabilité mâles, on y exprime la ferveur des amours nouvelles, on y scande le lien indéfectible d'un papa avec sa progéniture.

On y expose le relativisme des croyances tenues de déterminer ce qui est bien et ce qui l'est moins au quotidien. Il y est aussi question d'oppression afro-américaine, de lois claniques, des crimes gratuits, de tragédies... «But the only real change comes from the inside», suggère la chanson.

Grandeurs et misères de l'existence en ces temps étranges... Assurément, J. Cole a bien saisi le contexte.

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HIP-HOP. 4 Your Eyez Only. J. Cole. Dreamville/Roc Nation/Interscope.