En 2015, le Torontois Abél Makkonen Tesfaye a atteint les plus hautes sphères de la pop planétaire avec l'opus Beauty Behind the Madness, et c'est précisément pourquoi la sortie de Starboy était de loin la plus attendue ce... weeknd.

Ainsi, compositeurs et réalisateurs de tous horizons ont contribué à ces 18 chansons, ils en ont bricolé les innombrables microfragments. Ces bonnes gens viennent du hip-hop, de la soul/R & B, de la house, de la synthwave, de la pop amerloque, de la pop suédoise, on en passe.

La notoriété de l'artiste canadien est telle qu'il a attiré dans son giron Daft Punk, Kendrick Lamar, Lana Del Rey, Future, Ali Shaheed Muhammad (A Tribe Called Quest), Diplo, Peter Svensson (The Cardigans), Max Martin, Cashmere Cat, Metro Boomin, tant d'autres. Or, on sait fort bien qu'un tel «name dropping» n'est pas gage de réussite. Toute vedette peut fort bien s'égarer dans une telle forêt de célébrités. Alors? Pas d'égarement au programme.

Intros, ponts, instrumentation variée, référents stylistiques, voix chevrotante à la Michael Jackson restent conformes à The Weeknd depuis qu'on a découvert ses trois excellents mixtapes au cours de la même année 2011. Cinq ans plus tard, ses constructions chansonnières, montées dramatiques, blessures d'égo, bombage de torse ou romantisme noir saupoudré de soft porn restent plus ou moins intacts, et ce, malgré ces multiples emballages.

On a ici un troisième album studio, cohérent du début à la fin, avec la seule prétention d'accrocher le plus grand dénominateur commun sans vraiment le bousculer. C'est peut-être là, d'ailleurs, son principal défaut: aucune déstabilisation au programme, aucun bouleversement conceptuel, aucune avancée esthétique. De The Weeknd, on s'attendrait à plus qu'un impeccable travail de synthèse pop.

* * * 1/2

R & B. Starboy. The Weeknd. XO/Republic.