En fait de disque-testament, Pink Floyd aurait difficilement pu faire mieux. Non seulement le groupe britannique ressuscite des enregistrements inédits d'il y a 20 ans retravaillés récemment, mais encore il nous fait faire le tour du jardin musical luxuriant qu'il cultive depuis près de 50 ans.

Comme son titre l'indique, The Endless River est un flot continu de musique instrumentale qui se conclut par l'unique chanson du disque, Louder Than Words. La bien nommée It's What We Do, deuxième pièce du premier des quatre blocs de l'album, est un rappel de la manière Pink Floyd: les claviers de Rick Wright qui campent un décor à la Shine on You Crazy Diamond et David Gilmour qui se lance dans un solo de guitare senti et flamboyant qui fait près de quatre minutes.

Le deuxième bloc nous ramène le Pink Floyd plus expérimental de la fin des années 60, avec la guitare qui rugit et la batterie qui déboule. Le troisième segment est un enchaînement de sept courtes pièces dans lequel un clin d'oeil à The Wall côtoie un solo d'orgue de 1968, et au terme duquel la voix informatisée de l'astrophysicien Stephen Hawking revient 20 ans plus tard se poser sur une musique grandiloquente.

Le dernier bloc, moins intéressant, verse par moments dans la soupe new age à tendance Vangelis-rencontre-le-Cirque-du-Soleil, mais il est rescapé par Louder Than Words, une ballade épique typique de Pink Floyd avec solo poignant de Gilmour et choeurs en prime.

The Endless River a les défauts de ses qualités, un disque forcément un peu éparpillé mais animé par un souffle de liberté. Cette cinquantaine de minutes de musique est surtout une occasion de réjouissances. En revisitant son patrimoine de façon convaincante, Pink Floyd nous rappelle qu'il a été un des groupes les plus inventifs et les plus audacieux de l'histoire du rock.

* * * 1/2

ROCK. Pink Floyd, The Endless River, Columbia/Sony.